Attentat à Dresde: hypothèse homophobe passée sous silence
Les autorités ont tu l'orientation sexuelle des victimes d'une attaque à l'arme blanche commise par un jeune Syrien, début octobre, suscitant l'incompréhension des organisations LGBTQ+.
Le 4 octobre dernier, deux hommes étaient blessés à l’arme blanche alors qu’ils visitaient le centre historique de Dresde. L’un d’eux, Thomas L., un Allemand âgé de 55 ans, avait succombé à ses blessures. Peu après, un Syrien de 20 ans connu pour des faits de radicalisation, avait été arrêté. Les autorités ont promptement qualifié l’attaque de «terroriste», précisant qu’elle avait visé «deux touristes».
Étrangement, les autorités du land de Saxe et le Parquet fédéral sont restés muets sur le fait que les victimes étaient un couple. Les médias l’ont appris tardivement, sur l’avis mortuaire de Thomas L. Ils ont aussi appris que les deux hommes s’étaient étreints peu avant le drame, peut-être sous les yeux de leur futur assaillant.
Incompréhension et colère
Le silence des autorités sur le motif potentiellement homophobe de l’attentat suscite l’incompréhension et la colère des organisations LGBTQ+. «Je suis plus qu’énervé que l’on cache un motif important», a déclaré Jörg Litwinschuh-Barthel, directeur de la fondation Magnus Hirschfeld, au «Tagesspiegel». «Cela ne serait pas arrivé à des victimes de couleur ou de confession juive, par exemple.» Interrogé cette semaine, le procureur général de Dresde, Jürgen Schmidt, a refusé de s’exprimer sur «l’orientation sexuelle des victimes».
La polémique se rajoute aux critiques sur les défaillances des services de renseignements, qui avaient mis en place une surveillance épisodique du jeune Syrien, reconnu comme «dangereux».
La fondation Magnus Hirschfeld, tout comme la LSVD, fédération allemande, des organisations LGBTQ+, ont appelé à refuser l’amalgame entre musulmans et homophobie, et à renforcer les programme d’éducation et de dialogue. Elles organisent une veillée ce dimanche sur les lieux de l’attaque.