Une mère lesbienne sommée de «choisir entre ses filles et sa compagne»
Un juge de Murcie (Espagne) a retiré la garde de ses deux enfants à une mère lesbienne. Le cas, qui suscite une grande indignation, illustre l’obstruction exercée par certains juges contre les lois sur l’homoparentalité.
Saisi par un mari vivant séparé de sa femme, un juge du tribunal de première instance de Murcie (sud-est de l’Espagne) a retiré à une mère vivant en couple avec une autre femme la garde de ses deux filles sous prétexte de l’«influence négative [de l’homosexualité] sur l’éducation et la croissance harmonieuse des deux mineures». Dans son jugement, Fernando Ferrín Calamita a estimé que la femme devait maintenant «choisir entre ses filles et sa compagne» et attribué au père la garde des deux enfants, ainsi que l’appartement familial.
Indignation
Le jugement a suscité une vive indignation dans le pays. Entre autres, les associations féministes, gay et lesbiennes et les partis de gauche ont réclamé des sanctions contre le juge. L’affaire est maintenant devant le Tribunal supérieur de la magistrature. Dans un quotidien local de Murcie, la présidente de la Fédération des femmes séparées et divorcées, Ana María Pérez del Campo, a qualifié la décision du juge d’«attaque contre la démocratie menée par la magistrature» et destinée à «mettre à bas les lois sociales progressistes.»
Le juge Calamita est connu pour ses jugements polémiques depuis son entrée en fonction en 1987 à Cadix, où il avait fait arrêter sur la plage des jeunes femmes coupables d’«attentat à la pudeur» parce qu’elles bronzaient… topless – une pratique légalisée deux ans auparavant. Plus récemment, une enquête a été ouverte sur Calamita, qui aurait également, par toutes sortes d’obstructions, empêché une femme d’adopter la fille de sa compagne, née par insémination artificielle anonyme, comme la loi espagnole l’y autorise pourtant.