Pédophilie: un papable accuse les homos
Favori des bookmakers pour la succession de Benoît XVI, Peter Turkson a estimé que le rejet de l'homosexualité en Afrique «protégeait» le continent de la pédophilie.
Son nom est sur toutes les lèvres: le cardinal Ghanéen Peter Turkson est l’un des favoris des médias, à trois semaines du conclave qui devra élire le successeur de Benoît XVI. Et ceux qui voient dans la perspective d’un pape noir une ouverture du catholicisme à la modernité devront déchanter. Dans une interview par Christiane Amanpour de CNN, le prélat a estimé que si l’Afrique était (relativement) épargnée des scandales de pédophilie, c’est que les traditions et la culture du continent «protégeaient» l’Eglise contre ces «tendances». «L’homosexualité ou en l’occurrence toute affaire entre deux sexe du même genre (sic) ne sont pas tolérés par notre société», a fièrement précisé le président du Conseil pontifical Justice et Paix.
Bien commode
Quelque peu embarrassé, CNN a cru bon de rappeler, dans sa présentation de l’interview sur son site web, que l’American psychological association avait conclu que les abus sexuels n’étaient pas plus fréquents chez les hommes homosexuels que chez les hétérosexuels. Il n’empêche que cette idée fort commode – elle exonère le clergé qui a couvert ces agissements – est très répandue au sein du Vatican. En son temps, le No 2 du Saint-Siège, Tarcisio Bertone, avait également mis les scandales sur le dos des brebis galeuses homosexuelles.
En tout cas, les considérations de Peter Turkson ont fait bondir les victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise catholique. «Si on entend moins parler de crimes sexuels et de leur dissimulation en Afrique, a communiqué l’association SNAP, c’est pour les même raisons qu’ailleurs dans le monde en développement: il y a moins de fonds pour appliquer la loi, des systèmes juridiques moins vigoureux, moins de journalisme indépendant et un pouvoir plus fort des ecclésiastiques sur leurs fidèles.»