Les gays et lesbiennes attendent leur «moment Zapatero»

L'égalité, c'est vraiment maintenant? Au lendemain de la victoire de François Hollande, beaucoup d'homosexuels voient déjà la France devenir le 8e pays d'Europe à ouvrir le mariage aux couples de même sexe.

Treize ans après la laborieuse adoption du pacs sous le gouvernement de Lionel Jospin, la France va-t-elle rejoindre ses voisins belge et espagnol dans l’égalité complète offerte aux personnes LGBT? Pour certains, dimanche soir, c’était comme si c’était fait. Tandis que des couples gay s’embrassaient devant le siège du PS rue de Solférino, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, dédiait la victoire aux couples homosexuels qui pourront bientôt se marier. Le «20 minutes» français rapportait également ces paroles d’Annie, une Montpelliéraine venue fêter l’élection de Franois Hollande place de la Comédie: «Mon fils est homosexuel, je ne rêvais que d’une chose: pouvoir assister à son mariage.»

L’égalité pour les hommes et les femmes homosexuels faisait partie des «engagements» du candidat socialiste. Outre le mariage, cet «Engagement 31» comprend les questions du don du sang, de la lutte contre l’homophobie à l’école et de changement d’état-civil facilité pour les personnes transsexuelles. Autant de sujets qui pourraient arriver rapidement sur les pupitres des parlementaires – à condition d’une victoire aux législatives de juin prochain. En 2004, le premier ministre espagnol José-Luis Zapatero avait réussi à instaurer bon nombre de ces réformes en clouant le bec d’un Parti populaire laminé. Mais il est possible que le nouveau président français ne bénéficie pas d’un tel K.-O. de l’opposition.

«L’échec total» de Patrick Buisson
L’attitude de la droite, pour laquelle se profile une recomposition, sera déterminante. Nicolas Sarkozy s’était montré hostile à toute avancée supplémentaire sur les droits des personnes LGBT. Un peu trop, selon des responsables de l’UMP. Ainsi, hier soir, le secrétaire national de ce parti chargé de la presse et des médias, David-Xavier Weiss, n’a-t-il pas attendu longtemps pour mettre la défaite du président sortant sur le compte de son conseiller controversé Patrick Buisson, pourfendeur du «communautarisme homo», et de son «refus de toute ouverture» sur le mariage gay.