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Jeunes «emos» cibles d’une traque meurtrière

Des milices irakiennes auraient exécuté des dizaines de jeunes gens aux cheveux long et au look romantique, suspectés de vampirisme et d'homosexualité. Les autorités semblent activement encourager ce «nettoyage».

Quatre-vingts dix morts en un mois: c’est le bilan effrayant d’une vague d’enlèvements, de tortures et de meurtres corroborés par plusieurs sources en Irak. Les victimes sont des jeunes au code vestimentaire et/ou à la sexualité jugés «non conformes». Des garçons ou des filles décrits comme des «emos», référence à la mode née sur la scène punk-rock américaine des années 1980-1990. Le premier meurtre est survenu le 6 février à Sadr City, un immense faubourg chiite de Bagdad. Les derniers remontent à mercredi: deux femmes d’une vingtaine d’années, dans le quartier de Shaab. D’autres crimes ont été constatés à dans la capitale et dans différents districts du sud du pays. Les méthodes d’exécutions sont récurrentes: la victime voit son corps fracassé à coup de blocs de béton ou est précipité du haut d’un bâtiment.

Des activistes locaux ont mis en cause l’Armée du Mahdi et la Ligue des Justes, deux milices chiites. Mais les autorités sont aussi montrées du doigt. Au début de la vague de meurtres, un haut responsable de la police, le Colonel Mushtaq Taleb Muhammadawi avait apporté sa caution à des attaques contre les «emos», qu’il qualifiait de «satanistes» et de «vampires». S’exprimant sur sur une télévision nationale, il avait fait allusion à un «plan» du Ministère de l’Intérieur pour «éradiquer le phénomène»: «Je mènerai le projet moi-même. Nous avons les autorisations nécessaires pour accéder à toutes les écoles de la capitale», avait averti Muhammadawi.

Etudiants terrorisés
Alakhbar.org, un site d’information irakien, a rapporté que les événements faisaient régner la peur au sein des étudiants. Ceux-ci craignent d’être enlevés, torturés et assassinés de sang froid à cause de la manière dont ils s’habillent ou se coiffent. Interrogé par GayMiddleEast, un étudiant de l’Université de Bagdad estime toutefois que personne ne prend au sérieux les assomptions sur les activités sataniques ou sur le vampirisme présumés des «emos». Selon O., «ils sont tués parce que perçus comme trop efféminés et gay.»

Bissam, un bloggeur et activiste LGBT irakien en exil, fait un constat implacable: «Les fondamentalistes chiites interprètent toute différence comme haram et satanique. Le fait d’exterminer toutes les personnes différentes leur garantit une place au paradis. Ainsi les meurtres sont justifiés d’un point de vue religieux, même si elles n’ont aucune base légale dans la Constitution, plutôt libérale, du pays. Les jeunes ont été avertis qu’ils avaient quatre jours pour changer de comportement, et de revenir dans la bonne voie. Mais quelle voie? Comment identifier le ‘mauvais’ du ‘bon’? Même s’ils coupent leurs cheveux, ils auront toujours l’air différent.»

Quelques rares voix se sont fait entendre pour dénoncer le massacre. Safia Sohail, une députée indépendante a appelé le Ministère de l’Intérieur et le Parlement «à enquêter rapidement sur les circonstances des tueries de jeunes gens Emo», rapporte le site Akhbaar.org. «Personne n’a le droit de faire justice sur autrui ou de se substituer à la loi», a conclu l’élue.

Traduction: Antoine Gessling, pour 360°