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Mångata – «À trop nier ses désirs, on risque de passer à côté de soi»

Mångata – «À trop nier ses désirs, on risque de passer à côté de soi»

Dans une Venise confinée, une humaine s’éprend d’une sirène. Tel est le point d’ancrage de la pièce de théâtre Mångata, jouée à Fribourg et Lausanne cet automne. 360° rencontre la dramaturge Joëlle Richard qui en est l’autrice.

Mångata a été écrite pendant le premier confinement. Pourrais-tu nous en dire plus quant aux circonstances de l’écriture de cette pièce ?

Comme j’ai vécu ce confinement seule, j’ai dû mettre en place des rituels pour rythmer mon quotidien. Je me suis tournée vers l’écriture comme valeur refuge pour m’évader à travers mon imaginaire. Or, il y a deux villes que je connais bien: Venise et Londres. Au même moment, je suis tombée par hasard sur un article rapportant le retour des poissons dans les eaux de la cité des Doges. Mon choix s’est donc porté sur ce lieu. Des personnages se sont ensuite invités au détour des canaux et je les ai rejoints chaque après-midi. Le texte s’est écrit naturellement, sans que j’anticipe une dramaturgie comme je le fais d’habitude.

Ta pièce parle tant du coming in que du coming out d’une femme qui est déboussolée suite à sa rencontre avec une sirène. Pourquoi était-il important pour toi de montrer les difficultés liées à l’acceptation de soi?

Ce récit a en effet résonné avec des moments cruciaux de ma vie comme le coming out. Il m’a replongée dans cette phase d’auto-détestation aiguë que j’ai traversée à plusieurs reprises. J’appartiens encore à une génération terriblement en manque de modèles positifs d’amours lesbiennes. L’isolement imposé par le confinement m’a remise face à moi-même, à mes tréfonds. Des émotions enfouies sont remontées à la surface et raconter cette histoire m’a permis de les transformer de façon cathartique. Mon vécu est sans doute commun à celui de nombreuses personnes queers, et c’est l’universalité de cette expérience que je voulais mettre en mots. Chaque individu – queer ou non d’ailleurs – peut, à un moment de sa vie, se sentir décalé par rapport à une norme imposée, voire rejeté. La pièce rappelle aussi qu’à trop nier ses désirs profonds, on risque de passer à côté de soi…

Tu as choisi le personnage mythologique de la sirène. Comment t’est venue cette idée?

Je ne l’ai pas choisi, il s’est imposé à moi! Comme une pièce isolée d’un grand puzzle qui prend tout son sens lorsque l’image d’ensemble finit par se dessiner… La symbolique de la sirène est complexe: dans certaines cultures, elle protège des épidémies, dans d’autres, elle incarne la peur de la sexualité féminine. Deux sujets-clés de la pièce. De plus, c’est une créature qui charme par son chant. Or, Mångata est une œuvre «musicale» – tant dans mon écriture qu’à travers sa partition originale. La sirène y met du baume au cœur, elle apporte humour, douceur et poésie dans un spectacle qui peut être confrontant. Son réalisme magique transporte le récit à un autre niveau, proche de la transe.

La pièce est rythmée par de courts passages qui rappellent les conditions de vie et des droits des personnes LGBTIQ+ au cours des siècles. Quelle est leur vocation?

Comme l’avait prédit Simone de Beauvoir, les acquis, quels qu’ils soient, ne sont jamais pérennes et ne signifient pas que tout se passe bien pour les personnes concernées… L’égalité ne peut se faire que dans le débat permanent et l’écoute empathique de l’autre. La pièce a donc aussi pour but de créer un espace de discussion non-jugeant entre des personnes ayant des parcours différents. C’est la raison pour laquelle des échanges sont prévus en marge des représentations. La tournée fribourgeoise sera accompagnée d’une table ronde sur les réalités et représentations des relations lesbiennes, et le spectacle lausannois d’une table ronde sur les coming out co-organisée par l’UNIL et Pôle Sud.

Du 15 au 18 septembre à Nuithonie, Villars-sur-Glâne (FR) et le 12 octobre à la salle polyvalente du Vortex (Unil), Lausanne. Tables rondes le 17 septembre à Villars-sur-Glâne et le 11 octobre à Lausanne.

 

Liens

Fribourg : du 15 au 18.9 (table ronde le 17.9)

Mångata | Equilibre-Nuithonie

Lausanne : le 12.10 (table ronde le 11.10)

https://events.unil.ch/e-ticket/register?event=90

https://events.unil.ch/e-ticket/register?event=91

©François Vermot