Lausanne
#places à gagner

The Black Silk Burlesque Show

sam 14 décembre, 21:30
Genève
#mixité choisie

No Hell Homosexu·iel

mer 25 décembre, 15:00
Genève
#Cinéma

Les Reines du drame + Karaoqueer

ven 6 décembre, 20:00
Arosa

Arosa Gay Ski Week

18 janvier 2025 - 25 janvier 2025

Joao Pedro Rodrigues ose tout et ne cache rien

Joao Pedro Rodrigues ose tout et ne cache rien
Feu follet, de João Pedro Rodrigues @Unifrance

Avec Feu follet, le réalisateur portugais propose une fantaisie musicale queer, en forme d’ode au sexe et à la nature. Sa singularité et sa subversivité n’empêchent pas parfois la caricature et une certaine complaisance.

On l’a découvert en 2000 avec O Fantasma, un premier long métrage provocateur racontant la vie d’un jeune éboueur lisboète à la recherche de partenaires sexuels masculins, Sacré meilleur réalisateur au Festival de Locarno 2016 pour L’Ornithologue, le Portugais Joao Pedro Rodrigues, 56 ans, revient avec Feu follet (Fogo Fatuo).

A l’ouverture, cette fantaisie musicale entre Mozart et comptine nous projette en 2069, autre année érotique…. Dans une chambre, on découvre Alfredo, vieux roi sans couronne sur son lit de mort. Agonisant, il se rappelle sa jeunesse. Et nous voici ramené·e·s·x en 2011 avec son premier souvenir, une promenade dans les bois en compagnie de son père: celle-ci lui apprend alors l’importance capitale d’établir un lien puissant avec les arbres et l’encourage à les protéger.

Montrer la communion entre les corps et la nature
Ce souvenir fondateur l’incitera à devenir pompier, faisant fi de son aristocrate famille. À la caserne, c’est l’heure de la gymnastique sur fond de Flûte enchantée. C’est là que l’évanescent prince blond rencontre le superbe Alfonso à l‘affolante peau d’ébène qui, aux ordres d’une délirante lesbienne obèse, lui sert d’instructeur et l’initie au plaisir. La dimension sexuelle du film se déploie alors, avec des tableaux vivants où les pompiers dénudés imitent les poses de personnages d’artistes transgressifs comme Le Caravage et Bacon, Et, en guise d’apogée, nous balancent un 69 avec double éjaculation faciale à la clé.

Dans cette scène frisant le porno gai et se déroulant en forêt, l’auteur veut montrer la communion entre les corps et la nature. Une sensibilité écologique qui se manifeste notamment dans une évidente analogie entre les pénis dressés et les arbres gonflés de sève.

Restant dans la défense de la planète, Feu follet fait par ailleurs référence aux catastrophiques incendies destructeurs et au fameux discours de Greta Thunberg à l’ONU («Comment osez-vous… ?»), théâtralement repris dans la salle à manger parentale par le jeune et vibrant Alfredo.

Rodrigues propose un film singulier, subversif, foutraque, une farce camp érotique, doublée d’une satire écolo-socio-politique où il imagine un président portugais noir et musulman. Rebelle au puritanisme ambiant et à toute doxa, il ne cache rien et ose tout. Ce qui, en dépit de séquences réjouissantes et ludiques, n’empêche pas la complaisance et la caricature.

Sortie mercredi 14 septembre dans les salles de Suisse romande.