La sélection littéraire de la rentrée
Chaque mois, Payot Libraire nous propose une sélection littéraire queer. Au programme pour ce numéro, trois coups de cœur de la rentrée.
Roman graphique
Diana et Charlie, Elias Ericson, Éditions Robinson
Diana, 17 ans, est une adolescente trans* qui cherche l’acceptation de son père, en vain. Elle souhaite suivre un traitement hormonal, mais son père ne lui en donne pas l’autorisation, gardant l’espoir que d’ici à 18 ans elle changera d’idée…Elle veut seulement être elle-même et demande qu’on l’appelle Diana, même si certains utilisent toujours son prénom de naissance – Dante.
Charlie, 17 ans aussi, est né·e·x femme mais se considère comme non binaire. Toujours perdu·e·x depuis la perte de sa maman et l’éloignement de son papa, Charlie finit par développer de l’anxiété, son équilibre se détériore – jusqu’à sombrer dans l’alcool – avant qu’une dépression soit diagnostiquée: iel trouve alors refuge dans les bras de la seule personne qui lae comprenne, Diana.
Les deux ados sont soumis·e·x·s à une pression sociale quotidienne et vivent constamment dans la peur. Iels se soutiennent mutuellement, mais parfois leurs fragilités minent leur amitié: comment aider quelqu’un quand votre vie se trouve dans le chaos? Comment faire comprendre à l’autre que l’on ne peut pas toujours être là parce qu’on a besoin de prendre soin de soi-même? La BD du dessinateur suédois Elias Ericson est une histoire sublime et humaine qui parle avec justesse, humour et sensibilité d’amitié, d’amour et de la vie. À découvrir absolument!
Sociologie
Bi the Way. Guide pour une bisexualité heureuse, Lois Shearing, Améthyste
Lois Shearing est un·e·x auteur·e·x, journaliste et activiste bisexuel·le, initiateur·rice du réseau Bi Survivors qui propose des espaces online sécurisés à la communauté bisexuelle: l’accès n’est possible que via un lien d’invitation, et le site élimine automatiquement toute trace ou historique des conversations. Iel est aussi à l’origine de la campagne #DoBetterBiUs de lutte contre la biphobie. Dans la collection phare de l’éditeur Améthyste: Pluriel·les, Shearing présente un guide accessible, captivant et bienveillant sur la bisexualité. Bi the Way sera le compagnon idéal pour comprendre cette orientation sexuelle: au-delà des simples explications, il propose des témoignages très personnels qui abordent la biphobie et démystifient cette communauté, souvent jugée ou ignorée. Il inclut aussi des conseils pratiques pour rendre le quotidien plus facile à vivre. Un ouvrage essentiel queer et safe qui vous accueillera, que vous soyez ouvertement bisexuel·le·x ou que vous vous posiez simplement des questions. Il offre un portrait juste et documenté de la bisexualité aujourd’hui.
Roman
La Treizième heure, Emmanuelle Bayamack-Tam, POL
Dans cette nouveauté de la rentrée, on suit la vie de trois personnages faisant partie de l’Église de la Treizième Heure, une communauté millénariste féministe, queer et animaliste, qui a pour but de faire basculer le monde dans un état apaisé, sans guerre ni conflit ni inégalités. Nous y faisons la connaissance de Farah, une adolescente née intersexuée, qui découvre tardivement que son père lui a menti concernant sa filiation: elle n’avait pas une mère mais deux, Hind et Sophie… On découvre ensuite Lenny, le père de Farah, qui raconte son coup de foudre pour Hind par le passé; c’est après son départ qu’il décide de créer l’Église de la Treizième Heure. Et pour finir, on rencontre Hind, une femme trans* d’origine algérienne qui a dû se battre pour gagner sa liberté. Elle évoque son amour envers Lenny, qu’elle a quitté pour vivre une autre relation passionnante – laquelle finit par ne pas fonctionner… Emmanuelle Bayamack-Tam signe là un roman contemporain à dévorer!
Roman
Daniel Arsand, Moi qui ai souri le premier, Actes Sud
Un viol, une disparition, un passage à tabac, trois moments de violence inouïe qui creusent la béance sur laquelle s’échafaude, dès avant l’âge «adulte», la jeune vie d’un garçon homosexuel. Trois souvenirs d’adolescence qui signent plus encore que la fin de l’innocence, la fin prématurée des promesses. Ce texte brûlant, sans doute le plus intime et le plus cru de Daniel Arsand, peut se lire comme le making of de son incroyable roman, Je suis en vie et tu ne m’entends pas. Mais aussi, comme le un-making de toute une vie.
Roman
Zeyn Joukhadar, Les trente noms de la nuit, Rue de l’Échiquier
Jeune queer d’origine syrienne installé à New York, le personnage principal des Trente noms de la nuit tente de trouver sa place au sein d’une communauté qui ne le comprend pas. Mal dans son corps, il vit reclus avec sa grand-mère malade, dont il s’occupe avec tendresse. Il ne se sent vraiment libre qu’en s’éclipsant dans les rues de Little Syria, un quartier de Manhattan désormais supplanté par le monde de la finance, où il réalise des fresques d’oiseaux.