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Monkeypox: l’information au risque de la stigmatisation

Monkeypox: l’information au risque de la stigmatisation

Prise dans une tension entre réalité épidémiologique et risque de stigmatisation de la communauté gaie, l'information autour du monkeypox (variole du singe) patine… au risque de perdre de vue ses cibles

Dans son point du 10 août 2022 sur le suivi de l’épidémie de monkeypox, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dessine en filigrane le portrait des personnes touchées par le virus. Il s’agit à plus de 95% d’hommes gais essentiellement contaminés lors de relations sexuelles et majoritairement dans des lieux et événements de baise. Alors que le nombre de cas continue de croître et qu’une information factuelle est nécessaire pour endiguer la vague de contamination, les discours institutionnels se cherchent encore, par crainte de stigmatiser la communauté gaie et ses pratiques sexuelles.

Yvan Pandelé, journaliste scientifique à Heidi.News résume: «Au tout début de l’épidémie, il y a eu une volonté de la part des autorités sanitaires, sur l’impulsion des associations, de ne pas en rajouter sur le fait que le monkeypox touche essentiellement des hommes gais. Le tout était enrobé sous le terme un peu trop jargonneux de HSH¹.»  Il ajoute: «La compréhension de l’épidémiologie  a évolué du côté institutionnel  et ma manière d’évoquer le sujet aussi. Je deviens plus précis en disant clairement que le virus touche encore essentiellement des hommes gais, jeunes, multipartenaires et qui fréquentent des festivals et des lieux de cruising.» S’il s’estime, en tant que journaliste «tiraillé entre deux exigences: dire les faits et éviter la stigmatisation des populations exposées», Yvan Pandélé est clair: «Notre priorité reste de dire ce qui est, puis de réfléchir aux effets de bord – notamment en soignant les titres et le chapô (le texte court, souvent en gras qui introduit l’article. ndlr.). Nous avons le devoir d’être précis et nuancés.»

Contre la stigmatisation: des faits et de la pédagogie

Maxence Ouafik, médecin, doctorant en sciences médicales et militant LGBTIQ+ explique: «Il faut être factuel tout en limitant la casse. En premier lieu, il s’agit d’expliquer qu’il n’y a pas de raison biologique pour que le virus touche majoritairement des hommes gais. Et puisque le monkeypox se transmet lors de rapports sexuels, expliquer aussi que les hommes gais baisent statistiquement plus que les hétéros et ont davantage de partenaires parce que le sexe est aussi une manière de nouer du lien social.»  Il invite, dans tous les cas, à travailler avec les associations de santé communautaire, qui ont 40 ans d’expérience derrière elles.

Si les choses évoluent dans le bon sens, c’est à dire avec des informations ciblant correctement les populations exposées, Maxence Ouafik note la persistance d’un tabou: «Ce qui m’impressionne, c’est à quel point personne n’ose dire que c’est une IST² alors que toutes les recommandations en termes de prévention vont dans le sens d’une transmission de ce type.»

Pudibonderie, homophobie ou réelle incertitude scientifique, l’avenir nous le dira.

À lire : Monkeypox. Que faire si on a des symptômes? Si on est positif·ve·x ? On est cas contact?


(1) Sigle utilisé majoritairement en santé publique pour désigner les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes

(2)Infection sexuellement transmissible