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Hyères expose la réalité d’aujourd’hui

Hyères expose la réalité d’aujourd’hui
Photos Emile Kirsch/DR

De la villa Noailles à la villa romaine, la 34e édition du Festival international de mode et de photographie fait acte de militantisme avec l’exposition Gay Today. Jean-Pierre Blanc, fondateur du festival et co-commissaire du projet, raconte cette nouvelle aventure.

Son tempérament de battant l’emmène sur la voie lorsqu’il fait le pari de créer le Festival des arts de la mode à Hyères dans le Var en 1986. Trente trois ans plus tard, la passion du directeur de la villa Noailles est intacte et son regard plein d’espoir sur la créativité des designers émergents, plus contagieux que jamais. Il parle de la HEAD – Genève, de son ami Karl Lagerfeld et de son nouveau projet, l’exposition Gay Today à la villa romaine.

360° – Parlez-nous de ce nouveau projet dans le cadre du festival.
Jean-Pierre Blanc – L’exposition saisit l’opportunité de la difficulté d’être homosexuel dans notre monde aujourd’hui, pour parler d’artistes que j’aime. C’est un peu la concordance de ces deux choses: l’horreur de certains actes homophobes en Europe et ailleurs, la torture, les insultes, les tabassages à la sortie des boîtes de nuit, mis en parallèle avec la beauté, la créativité et la liberté de jeunes artistes, la plupart homosexuels, qui montrent la voie.

– Est-ce un projet activiste?
– En quelque sorte oui. Au cas où certaines personnes ne le réaliseraient pas, Gay Today sera une petite piqûre de rappel, à notre mesure, pour leur dire que cela existe encore. En tant qu’homosexuel, je peux parler des difficultés d’être gay dans une ville de province en France aujourd’hui.

Enikova Dita (Lettonie) Photo © Leva Mezule

– Que verra-t-on dans l’exposition?
– Une partie sera dédiée à de très jeunes artistes du monde entier, avec des œuvres qui viennent aussi bien du Japon que des Etats-Unis et d’Europe. Nous exposerons également les collections privées du créateur de mode britannique JW Anderson et du galeriste parisien Pierre Passebon. Grâce à eux, mon co-commissaire Pau Avia et moi avons la chance de montrer des œuvres d’artistes mythiques tels que Robert Mapplethorpe, Andy Warhol ou David Hockney. Nous avons confié la scénographie au jeune suisse Valentin Dubois, diplômé en Architecture d’intérieur de la HEAD – Genève en 2017, qui a gagné le Prix du public du Festival d’architecture d’intérieur de Toulon Design Parade l’année passée.

– Tina Schwizgebel-Wang, diplômée en Master de la HEAD – Genève en 2018 (photo ci-contre), fait partie des dix finalistes en mode cette année. La Suisse a-t-elle réellement une carte à jouer?
– Je le pense oui, notamment grâce au très bon niveau de la HEAD, mais aussi à l’industrie suisse. Sans être un pays de mode, la Suisse aime la mode et c’est important. Quand on voit des talents comme Xénia Laffely, Vanessa Schindler ou Julian Zigerli, on ne peut être qu’enthousiaste.

Tina Schwizgebel (Suisse) Photo © James Bantone

– La mode est-elle politique?
– Elle l’a toujours été d’une certaine manière. On le constate dans les choix musicaux ou le choix d’être radical. Pendant le festival, nous aurons une conférence intitulée La mode et la nuit sur la correspondance entre la nouvelle manière de vivre la nuit à Paris et une certaine partie des gens qui font la mode, pour qui créer en allant à l’encontre des clichés traditionnels de façon non genrée, représente une forme de politique. C’est une réalité. Il existe aujourd’hui une mode plus engagée, même si je pense que les positions des créateurs ont toujours représenté quelque chose de politique.

– Et qu’en est-il de l’écologie?
– On apprend à nos jeunes créateurs à y être attentifs. Par exemple, certains cotons demandent des quantités d’eau phénoménales pour être produits. Dans notre collaboration avec le salon textile Première Vision, nous favorisons l’utilisation de tissus écoresponsables. On ne parlait pas de cela avant, mais ce sont des sujets importants aujourd’hui. Il s’agit d’une prise de conscience liée aux problèmes de la planète dans sa globalité. On ne peut pas y échapper et faire comme si on ne savait pas. Il n’y aurait rien de plus terrible pour la mode que de se mettre hors des circuits de la vraie vie.

Tsung-Chien Tang (Taiwan) Photo © Tsung-Chien Tang

– Comment voyez-vous l’évolution de la mode depuis les débuts du festival?
– La chose commune aux trois décennies, c’est l’enthousiasme qui ne change pas, c’est ce qui me rassure le plus. Pour moi, le plaisir est indissociable de la création.

– Comment se profile cette 34e édition?
– Elle se profile à merveille avec la maison Chloé, notre invité d’honneur. Je suis aussi très heureux du nouveau Prix des métiers d’art en partenariat avec la maison Chanel, qui emmènera le festival ailleurs.

– Allez-vous rendre hommage à Karl Lagerfeld, président du jury en 2015?
– On y travaille. C’était vraiment quelqu’un d’important pour nous. Nous l’avions rencontré en 1995 pour réaliser un livre sur la villa Noailles ensemble. Il est venu souvent, nous avions un rapport vraiment particulier. Je suis très triste de son décès et ça me ferait vraiment plaisir de trouver la meilleure façon de rendre hommage à l’immense personnalité de mode qu’il était. Il a passé plus de cinquante ans à faire ce métier avec passion. J’espère que tous les créateurs continueront d’aimer la mode comme il l’aimait.

» 34e édition du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode à Hyères (France), du 25 au 29 avril 2019. Les expositions sont ouvertes jusqu’au 26 mai 2019. www.villanoailles-hyeres.com