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Promenons-nous dans les bois

«Le roi de l’évasion», nouveau film d’Alain Guiraudie, organise une chasse aux clichés débridée dans les forêts de la France profonde.

Le regard racoleur et la quarantaine généreuse, Armand vend des tracteurs et lorgne volontiers sur la braguette de son patron un peu plus âgé. Le charme, c’est toute sa vie. Séduire les clients pour leur fourguer un Caterpillar hors de prix, quitte à proposer une rencontre crapuleuse à des pères de famille sans histoire ; arpenter les bords de route reculés et les terrains vagues du cru, histoire de draguer le mec de passage et remplir les draps le temps d’une passe. Seulement voilà, Armand en a sa claque, il aimerait changer, trouver l’amour, fonder une famille, avoir des gosses. Un pote de baise le met au défi : s’il n’est pas gay, pourquoi avoir subi cette vie de solitude ? Pourrait-il vraiment coucher avec une fille ? «Je me suis bien éclaté dans ce style de vie, mais j’ai fait mon temps, répond Octave. Et puis, d’une certaine façon, j’ai toujours eu l’impression d’avoir fait un choix.»

Le choix. Ou est-ce la tentation de rentrer dans le rang, de suivre la majorité ? Dans Le roi de l’évasion, projeté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, le réalisateur Alain Guiraudie plante un décor de France simple et agraire pour mieux questionner les convictions de chacun ; le résultat, entre cynisme et surréalisme jubilatoire, joue la carte de la nuance plutôt que du militantisme manichéen. Car tout va basculer lorsqu’Armand (le regard mi-bouffi mi-charmeur de Ludovic Berthillot) tombe sous le charme de Curly (la fraicheur de Hafsia Herzi), jeune lycéenne espiègle de seize ans à peine, qui se trouve être la fille d’un collègue de travail au front particulièrement bas…

Sexagénaires bedonnants
Un, deux, trois, nous irons au bois – la partie de cache-cache commence pour le couple improbable, qui baise à chaque coin de buisson, au grand dam des bien-pensants. Fuir les lois, la société, le voisinage nauséabond, bientôt toute la ville et la police sont à leurs trousses. Mais c’est sans compter sur les ressources étranges de la forêt : on y trouve de la «dourougne», sorte de mandragore qui décuple les capacités physiques et donnent furieusement envie de s’envoyer en l’air…

Alors ça y est, il aura suffi d’une adolescente en fleur pour qu’Armand vire sa cuti ? Ce serait trop simple. La donzelle lui susurre un «je t’aime», et voilà notre homme qui s’enfuit encore à travers champs et bosquets. Il y rencontrera peut-être le «vieux queutard», baiseur mythique au membre turgescent. Ou alors cherchera le réconfort dans cette cabane isolée, où quelques sexagénaires bedonnants partagent un peu de chaleur humaine et charnelle. Comme pour rappeler que l’orientation sexuelle n’est de loin pas qu’une question de désir physique.

Le roi de l’évasion d’Alain Guiraudie, en salles le 15 juillet.