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Ode aux idoles emportées par le sida

Ode aux idoles emportées par le sida
Youssouf Abi-Ayad et Harrison Arévalo. Photo: Irina Popa

Du 13 au 22 septembre, le Théâtre de Vidy accueillera «Les Idoles», quatrième création scénique de Christophe Honoré. Une performance qui (re)met en lumière la question du sida.

Nous sommes en France, au début des années 90. Un monstre, aussi terrifiant qu’inopiné, rafle soudainement la population – dont l’intellegentsia, les étoiles montantes du cinéma, des lettres. Après une dernière nuit fauve, plus rien. Lors des «années Sida», plus de trente mille personnes ont été emportées dans le pays. Aujourd’hui, cela apparaît presque comme un mauvais rêve, une chimère du passé. Ainsi, à l’heure du quasi oubli et du relâchement, Christophe Honoré réveille les problématiques liées à la maladie avec sa quatrième création théâtrale Les Idoles – représentée du 13 au 22 septembre à Lausanne, au théâtre de Vidy.

Plusieurs questions ouvertes alimentent l’œuvre, dont celle du deuil continu: comment vit-on, «comment danse-t-on» après? C’est à travers les figures marquantes de sa jeunesse, emportées par le sida et ressuscitées sur scène, que l’auteur aborde les questions de la mort, de la mémoire, mais aussi du combat face à la maladie: les cinéastes Cyril Collard, Jacques Demy, Jean-Luc Lagarce, Bernard-Marie Koltès, Hervé Guibert et le critique Serge Daney sont au cœur de la création scénique. Plus qu’un hommage aux victimes, la pièce est également riche en interrogations plus universelles, propres à nos sociétés contemporaines.

Youssouf Abi-Ayad, acteur montant de 26 ans dans le rôle de Bernard-Marie Koltès, précise: «Au-delà de l’épidémie et de ses conséquences, c’est également l’histoire de personnes qui se sont battues. Qui ont parfois été forcées d’aborder publiquement leur homosexualité, et stigmatisées pour cela – alors que le sida n’a, de loin, pas touché uniquement les homosexuels. Il ne s’agit donc pas de parler exclusivement de la maladie, mais aussi des thématiques de la stigmatisation, de la sortie du placard forcée – qui malheureusement sont toujours d’actualité».

D’hier à aujourd’hui
Le sida, évidemment très présent dans l’œuvre, ne serait ainsi pas le seul thème sur le devant de la scène. Mais une volonté de raviver le souvenir collective est bien présente: «Aujourd’hui, on n’a plus peur de cette maladie comme avant – car ce n’est plus une épidémie, affirme Youssouf Abi-Ayad. C’est devenu un sujet moins médiatique, comme si nos sociétés en avaient marre d’en parler. Pourtant, c’est loin d’être fini. Nous sommes loin d’avoir trouvé un remède, bien qu’il soit à présent possible de vivre avec.» Mais, comme le souligne l’acteur, la création théâtrale ne se limite pas à cela: «Ce que je trouve très beau dans cette pièce, c’est le fait que les personnages ne soient pas réduits à cela. A l’époque, en avouant être malade, l’on était astreint au statut de l’auteur homosexuel qui a le sida. Certains avaient à cœur de contourner cette étiquette – Koltès, par exemple, n’en a jamais parlé. Et Christophe Honoré a avant tout voulu montrer des hommes, des artistes, et pas seulement des malades sur scène.»

«Cela interroge également les modèles de notre adolescence, de notre jeunesse par exemple. Que sont-ils devenus aujourd’hui?»

Harrison Arévalo, qui interprète Cyril Collard, tient quant à lui à mettre en lumière l’importance du titre de la pièce – qui se réfère à l’un des sujets principaux de cette dernière: «Au-delà de la souffrance et de l’homosexualité, les thématiques centrales sont également tournées vers le titre ; «Les Idoles». Il s’agit de montrer comment les figures qui ont été importantes pour nous à un moment donné de notre vie peuvent évoluer. Cela interroge également les modèles de notre adolescence, de notre jeunesse par exemple. Que sont-ils devenus aujourd’hui? Certains sont saufs dans notre esprit, d’autres oubliés – mais dans tous les cas ils font partie de notre héritage.» C’est donc une création riche, complexe et transversale qui s’offre au spectateur – libre d’en définir le thème majeur selon sa sensibilité.

Création participative
Après la pièce de théâtre «Nouveau Roman», Christophe Honoré – cinéaste et metteur en scène – revient avec Les Idoles, une œuvre forte, toujours quelque peu autobiographique. Au-delà de la puissance et de la complexité des problématiques traitées, «Les Idoles» se distingue également par sa méthode de création: l’écriture de plateau. Cette dernière consiste à intégrer les acteurs dans le processus créatif, en laissant libre cours à leur interprétation des personnages. Ainsi, la pièce se crée collectivement, peu à peu, sur le plateau. Une méthode novatrice, bien que déjà utilisée par un certain nombre de metteurs en scène contemporains, qui a particulièrement attiré Harrison Arévalo: «Quelque chose dans cette façon de travailler m’intéressait. Ce qui m’a principalement fasciné dans ce projet, c’est la place que l’acteur pouvait y prendre. Ici, nous ne sommes pas seulement interprètes, mais aussi artistes, créateurs.»

«C’était une époque à la fois dangereuse et très sexuelle. Vivre était dangereux, d’une certaine manière.»

Youssouf Abi-Ayad, quant à lui, précise que les sujets traités, ainsi que l’homme à la tête du projet, l’ont davantage séduit: «Personnellement, je ne savais pas que nous allions travailler ainsi avant de passer l’audition. Par contre, collaborer avec Christophe Honoré me semblait impressionnant. D’autant plus étant donné les thèmes de la pièce: la libération sexuelle, puis l’arrivée du sida, de la stigmatisation… C’était une époque à la fois dangereuse et très sexuelle. Vivre était dangereux, d’une certaine manière. Jouer tout cela m’attirait beaucoup». C’est donc pour parler de liberté, de douleur, et pour faire revivre ceux qui ont péri sous les coups de l’épidémie que Christophe Honoré a fait appel au génie de ses acteurs. Une démarche créative sensible et humaine – qui s’oppose symboliquement à la discrimination, à la mort.

» vidy.ch

OUVERTURE AVEC 360° FEVER

Une première pièce pour l’ouverture de cette saison du théâtre de Vidy. Et une première soirée en partenariat avec 360° Fever. «Vidy Retro Satanas» c’est donc le 21 septembre et c’est gratuit! Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, Michael Ronsky sera de la partie avec une performance de Shibari.

» 360fever.ch