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Ni d’ici ni d’ailleurs

Ni d’ici ni d’ailleurs

Film événement en Israël, «Bar Bahar» («Je danserai si je veux ») chronique la quête d’indépendance de trois jeunes femmes arabes, entre oppression et utopie.

Une fête electro orientale arrosée, où circulent pétards et coke et où l’on flirte en arabe. On n’est ni à Paris ni à Beyrouth, mais à Tel-Aviv. Le lendemain, en pleine gueule de bois, voici Nour, pieuse étudiante en informatique, qui débarque dans la colocation que Salma, DJette de la soirée, partage avec Leila, avocate. L’irruption de cette timide jeune femme au visage enserré dans un hidjab est incongrue dans cet appartement pavoisé d’un drapeau arc-en-ciel. Mais la cohabitation s’installe. Jusqu’à une bouleversante scène de viol, véritable pivot du film, qui scelle l’alliance de trois femmes que tout devrait séparer. Bientôt, Leila et Salma aideront Nour (la magnifique Shaden Kanboura) à se libérer de l’emprise d’un fiancé violent avant de découvrir comment leur entourage tente de les remettre, elles aussi, dans le rang.

Israël en pointillés
Habile et dense, le scénario de Bar Bahar dessine la géographie des Palestiniens d’Israël, environ 20 % de la population: la cité champignon d’Umm El-Fahm, fief islamiste, le village chrétien de Tarshiha, où l’esprit de clocher n’est guère moins oppressant, jusqu’à Tel-Aviv la cosmopolite, où anonymat et hédonisme sont de rigueur. Pas de pinkwashing ici: «Bar Bahar» est loin de chanter les vertus d’un mode de vie urbain occidental contre celui du bled. Israël n’apparaît d’ailleurs qu’en pointillés, au fil d’allusions et de phrases glissées en hébreu, ou dans les froncements de sourcils suscités par les discussions en arabe dans une boutique. «On ne mord pas…» lance Salma.

Maysaloun Hamoud renvoie dos à dos oppressions patriarcale, religieuse et nationaliste pour s’interroger sur le destin de ses héroïnes. Elles sont toujours bar bahar, terre-mer, une expression qui désigne l’entre-deux, le fait d’être ni d’ici ni d’ailleurs. En révélant la population invisible des Arabes vivant au milieu de la majorité juive – parfois en cachant, sinon en reniant leurs origines comme c’est le cas de nombreux gays et lesbiennes – le film a rencontré un succès inattendu en Israël. Et déclenché un tollé prévisible dans une partie de la minorité arabe. La réalisatrice a même été menacée de mort pour «insulte à l’islam». A Umm El-Fahm, le maire a réclamé l’interdiction du film, qui selon lui «déforme le mode de vie traditionnel». A cette «tradition», Maysaloun Hamoud en oppose une autre, beaucoup plus ancienne: celle de la solidarité des femmes.

» «Bar Bahar» («Je danserai si je veux»): sortie romande le 17 mai à Lausanne (Pathé Les Galeries), Genève (Les Cinémas du Grütli), Le Locle (Cine Casino), Fribourg (Rex) et Vevey (Rex).

Des places à gagner

360° et Sister Distribution vous offrent 10×2 places, valables dans toutes les salles, pour découvrir «Je danserai si je veux». Inscrivez-vous:
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