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Jukebox d’automne

Pansy Division et Mykki Blanco: de quoi vous délecter les oreilles durant les premiers frimas.

Pansy Division, 25 ans de Queercore

A la face des années 1990, ils ont dit: «Je veux être une catin». En écho à l’adolescence vaguement rebelle de MTV, ils ont fait l’éloge de «River Phoenix en maillot de bain». Sans le moindre repentir, ils ont chanté les louanges de «10, 20, 30 ans de bites», mis en mots et en rock «the Smell of Queer Spirit» et chroniqué le destin de tous les «Twinkie Twinkie Little Star» venus faire reluire leur âge tendre au premier bar du coin. Les quatre Californiens de Pansy Division ont offert à la scène punk rock son premier groupe ouvertement gay.

Proche d’Act Up au plus fort de l’épidémie du VIH, le groupe cultive alors des guitares rêches et un sans-gêne décomplexé qui vont contribuer à libérer le sexe gay des carcans sociaux liés à la maladie. En 1994, Pansy Division assure la première partie de Green Day sur sa méga-tournée «Dookie», et quelques mois plus tard Michael Stipe de R.E.M. puis Amy Ray et Emily Saliers d’Indigo Girls sortent du placard.

Vingt-cinq ans après sa formation, Pansy Division revient avec un septième album, «Quite contrary», dont la verve queercore n’a rien perdu de son énergie et son humour. Si le ton général est un brin moins scabreux que par la passé, et les thèmes abordés légèrement plus matures (complexité des relations, rupture, amitié), le chanteur Jon Ginoli, le bassiste Chris Freeman et leurs acolytes égratignent sans vergogne les intégristes chrétiens et l’extrême-droite anti-pédé, notamment sur le titre «Blame the Bible», où il est question ni plus ni moins de se débarrasser du livre sacré. Le refrain ultra-FM de «You’re on the Phone» subvertit joyeusement l’héritage de Green Day, «Kiss me at Midnight» recycle avec délice le romantisme canonique du rock de Nashville, et la reprise de «It’s a Sin» envoie un clin d’oeil irrévérencieux à la pop fluo de Pet Shop Boys.

» Pansy Division, «Quite contrary»

Mykki Blanco, Bad Boy, Material Girl

Quelque part entre Beyonce et Marilyn Manson, entre la nonchalance de Snoop Dog et le fer à défriser de Rihanna, Mykki Blanco est un corps-controverse, un tête-à-cul(ture), un point d’hétérogation qui fait transpirer les codes du hip-hop, du queer et du camp. Son nom fait référence à une gangsta freak idolâtrée – Lil Kim – et son alter ego – Kimmy Blanco – aussi bancable qu’un billet de banco saupoudré de coke.

Ouvertement séropositif, allergique à l’intellectualisme de la queer theory, Mykki Blanco a fait des zones de non-droit identitaire son royaume et sa marque depuis ses premières percées, en 2012. Ses textes, posés sur des saccades de beat défroqué, laissaient alors couler une prose illicite et langoureuse, où il était question de nuits hédonistes à Chinatown autant que de Sisyphe ou de ready made.

«Mykki», l’intitulé de son premier album, est à la fois sobre et révélateur: il s’agit, au long des treize plages, de se raconter par contradictions, de dire son nom en le trahissant, de mentir sans contrefaçon. Les chairs tristes de la promiscuité à l’heure de Grindr et Snapchat («Loner»), les affinités insidieuses de l’amour et de la drogue («The plug won’t») ou la vacuité des relations dans une société fracturée par l’écart social («Highschool never ends»), tous ces thèmes plus personnels qu’auparavant sont mis en œuvre par la production électronisante et orchestrale de Woodkid. Mykki Blanco cherche l’amour, le Grand, tout en se demandant qui lui a mis cette idée dans la tête. Il maudit les piscines de rooftop dont sortent les gosses de riche, mais se rêve lui-même dans un costume de soie Yohji Yamamoto («Fendi Band»). Il raconte le sublime comme les humiliations de sa jeunesse new yorkaise («Rock N Roll Dough»). «Mykki» est un portrait par échappées, par lignes de fuite, dont les reptations brusques et inopinées font la beauté, et la vérité.

» Mykki Blanco, «Mykki». Sur scène au Romandie (Lausanne) le 19 novembre dans le cadre de la soirée Club Sandwich.