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Profession: femme d’homosexuel

Conférencier, chercheur et écrivain français, Michel Larivière a fait paraître un délicieux recueil d’histoires d’amour alambiquées, où le tabou, l’hypocrisie et la passion s’entremêlent.

Verlaine et Rimbaud, génies poétiques indiscutables, sont parfois dépassés par leur légende… Exemple le plus fréquent de l’amour homosexuel entre artistes, le couple d’écrivains a également entraîné quelques femmes dans sa course contre la mort. Mais les mères, belles-mères, choquées par leurs pratiques encore taboues au XIXe siècle, ont moins subi l’opprobre que Mathilde Mauté de Fleurville, fille de riche propriétaire terrien que l’auteur des «Poèmes saturniens» épouse surtout à cause des conventions. Fonctionnaire le jour, il abuse de l’absinthe le soir, et va faire vivre à la jeune femme des déconvenues tragiques…

Quel que soit le siècle qu’on arpente, dans le livre de Michel Larivière «Femmes d’homosexuels célèbres», la coutume est bien souvent la même. Comme tout bon mari enivré par les jeunes hommes, Paul Verlaine fait venir chez lui le jeune Arthur Rimbaud, qui, débarqué de sa province, devient pensionnaire du ménage, s’embarrassant très peu d’afficher des bonnes manières et partageant les sorties nocturnes du maître de maison. Celui-ci, bientôt renvoyé de son travail hauts en couleurs, vivra cette passion destructrice aux crochets de sa pauvre Mathilde.

Il n’y pas deux manières égales de vivre un mariage guetté par l’homosexualité masculine

La galerie de personnages historiques et d’artistes dont Michel Larivière brosse un portrait malin est des plus savoureuses… Entre ceux qui délaissent rapidement leur épouse pour les charmes de jeunes éphèbes, ceux qui vivent une deuxième vie secrète toujours menacée d’être découverte ou encore ceux qui s’accommodent, grâce à un accord tacite, d’une vie où les deux parties du couple mènent une vie d’amours adultérines en dehors du ménage, il n’y pas deux manières égales de vivre un mariage guetté par l’homosexualité masculine.

Michel Larivière rappelle que la mythologie est pétrie d’exemples du même type (Zeus enlevant Ganymède au grand dam d’Héra qui «donne libre cours à sa fureur jalouse»), et que le mariage antique ne liait l’homme et la femme que dans la mission commune d’avoir une descendance. L’homme pouvait donc avoir des amourettes pédérastiques (ou hétérosexuelles) en toute impunité. C’est l’infiltration des valeurs chrétiennes dans la société qui change la donne. Dès le Moyen Âge, l’Eglise saura faire de l’adultère «un sujet de réprobation dans tous les cas de figure».

Cœurs d’artichaut
Si Bérangère de Navarre, mariée à Richard Cœur de Lion, lui-même épris du roi de France Philippe Auguste, ne connaît jamais bibliquement son époux, et n’éprouve jamais vraiment le chagrin de la femme d’homosexuel négligée, Isabelle de France va faire les frais des penchants d’Edouard II d’Angleterre, mais saura se venger. Humiliée au moment de devoir consommer l’union (le roi fera venir son favori dans le lit conjugal afin de lui donner du courage…), elle fait trancher le sexe et les testicules de son rival, profite de son habileté diplomatique et fait empaler Edouard II sur une barre en fer rougie. «Par où il avait péché».

Restées platoniques ou presque, d’autres histoires sont moins horribles, bien que tout aussi désespérées, comme celle d’Oscar Wilde avec Constance Lloyd, qui soutiendra son mari malgré la découverte de ses mœurs, et ce jusque dans son exil forcé. Elle n’est pas la seule victime consentante. Le grand Gœthe épouse Christiane Vulpius pour son apparence androgyne et vit le seul mariage heureux de l’ouvrage, malgré l’aveu misogyne et désarmant du poète: «C’est vrai que j’ai aussi fait l’amour avec des garçons, mais je leur préférais les filles, car quand elles me lassaient en tant que filles, je pouvais encore m’en servir en tant que garçons.» Un compromis sulfureux, comme celui que révèle Michel Larivière à la fin de ce livre décapant: Non, le duc de Windsor n’aurait pas renoncé à la couronne pour les charmes d’une riche Américaine divorcée. Wallis Simpson n’était en fait qu’une ambitieuse arriviste qui avait su satisfaire les vices hauts en couleurs de cet homosexuel refoulé. Shocking!

«Femmes d’homosexuels célèbres» de Michel Larivière, La Musardine, 141 p.

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