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Matthew Shepard et la drogue: la thèse qui dérange

Son meurtre, en 1998, avait inspiré la loi sur les crimes homophobes: Matthew Shepard est le sujet d'un nouveau livre qui crée le malaise en plaçant le crime sur fond de trafic de crystal meth.

Il y a 15 ans mourait Matthew Shepard, un nom devenu un symbole pour toutes les victimes de violences homophobes. Le calvaire du jeune homme de 21 ans, battu et torturé à mort par deux hommes, Aaron McKinney et Russell Henderson, a mené à l’adoption d’une loi contre les crimes de haine aux Etats-Unis, en 2009, et à d’innombrables commémorations et initiatives à travers le monde.

Prostitution et crystal
Mais voici qu’un nouveau livre sur l’affaire crée la polémique. Stephen Jimenez, un journaliste gay, affirme que McKinney, un des deux meurtriers, vivait secrètement sa bisexualité. Au fil de 13 ans d’enquêtes sur le terrain, à Laramie, Wyoming, Jimenez a accumulé des témoignages qui tracent le portrait d’un jeune homme qui se prostituait auprès d’hommes afin de s’acheter de la drogue. En outre, il aurait eu plusieurs rapports sexuels avec Shepard, lui-même gros consommateur de stupéfiants. Or selon l’auteur, Shepard avait réceptionné 170g de crystal meth peu avant son assassinat. Cette drogue de synthèse aurait été convoitée par ses deux futurs meurtriers, en état de manque.

Dans «The Book of Matt: Hidden Truths About The Murder of Matthew Shepard», Jimenez analyse comment les questions de toxicomanie et des effets des méthamphétamines au moment du crime n’ont pas été prises au sérieux au cours du procès. Les débats avaient tourné autour de l’orientation sexuelle de Shepard, ouvertement gay. Quant aux deux prévenus, ils avaient prétendu avoir agi sous le coup de la «panique homosexuelle», une pulsion prétendument incontrôlable face à des avances d’une personne du même sexe. Aaron McKinney et Russell Henderson ont finalement été condamnés à la prison à vie, en 1999.

«Épouvantable journalisme»
Le livre de Jimenez a été hué par une partie de la presse gay américaine, qui a accusé l’auteur de rejeter le crime sur sa victime. Moises Kaufman, le réalisateur du film tiré de la pièce «The Laramie Project» a qualifié l’enquête d’«épouvantable journalisme». Tous ne sont pas de cet avis. Certains éditorialistes ont relevé que le travail de Jimenez rassemblait de nombreux éléments déjà évoqués par les protagonistes de l’affaire, mais passés sous silence au profit d’un «mythe» Shepard immaculé.

«Sous certains aspects, l’histoire que nous avons embrassée était nécessaire pour l’histoire des droits des gays: cela a galvanisé une génératioon de jeunes LGBT, résume Aaron Hicklin dans le magazine gay «The Advocate». […] Qu’il s’agisse d’un crime de haine, d’un crime lié à la drogue, ou d’une combinaison des deux, il est difficile de se débarrasser de l’idée que la haine de soi et la culture macho, qui ont poussé McKinney à se détester lui-même et à détester ce que Shepard avait appris à accepter, faisaient partie des facteurs qui ont mené à l’assassinat.»

3 thoughts on “Matthew Shepard et la drogue: la thèse qui dérange

  1. si ils avaient été drogué ils l’auraient dit durant le procès pour prétendre ne pas etre eux meme durant les faits et ainsi alléger leur peine, ce journaliste sent vraiment pas bon

  2. Pas sûr du tout£. On est en contexte américain, et je ne suis pas certain qu’il n’ait pas été (à l’époque) de meilleure stratégie de défense d’invoquer la gay panic que le trafic ou la consommation de stupéfiants. Peut-être que la peine pour le meurtre aurait été allégée, mais je ne suis pas certain qu’elle n’aurait pas été doublée, suite un autre procès, par une autre peine, qui aurait annulé le gain de la précédente (les peine se somment, en droit américain, si je ne m’abuse). Qui plus est, à mon sens, la barbarie réelle du meurtre ne permet pas d’échapper à la condamnation par un « je n’étais pas moi-même, j’avais pris de la drogue » – drôle de circonstance atténuante (mais avec la justice américaine, je m’attends à de drôles de choses).

    Je ne pense donc pas qu’on puisse condamner ce journaliste aussi rapidement que cela – et je ne dis pas qu’il a raison, mais que la narration de l’histoire Shepard qu’il propose ne semble pas a priori contradictoire ni idiote. Si elle était avérée, elle viendrait juste modifier le mythe de la pauvre-victime-blanche-comme-neige assassinée de façon barbare par les afrreux-méchants-monstrueux-homophobes. La réalité est souvent infiniment plus complexe que cela.

  3. Pour moi cela ne change pas grand chose. Un homme est-il coupable parce qu’il se drogue et qu’il se prostitue pour payer sa drogue ? Ce qu’il a subi est-il plus recevable ?

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