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Réalité monstrueuse

«Monster» raconte la descente aux enfers d’Aileen Wuornos, prostituée et première femme serial killer de l’histoire criminelle des Etats-Unis. Pour coller au personnage, la belle Charlize Theron s’efface derrière un masque de silicone et revêt les traits de la bête.

Sur le bord de la route, une pute. Son nom: Aileen (Charlize Theron). Elle
hésite. En finir avec la vie ou pas? Non. D’abord, elle veut une dernière bière,
histoire de réfléchir. Elle entre dans un bar, mais elle n’a pas le temps de finir sa bouteille qu’elle se fait accoster par une jeune lesbienne, aussi paumée qu’elle: Selby (Christina Ricci) dont le moteur, dans la vie, consiste à fuir un entourage qui n’a de cesse de lui faire oublier ses penchants homosexuels.
Bien sûr, Selby s’éprend d’Aileen, et Aileen veut emmener Selby. Mais il faut de l’argent. Alors Aileen repart faire le trottoir, multiplie les clients. Le dernier sera de trop. La passe tourne au cauchemar, au viol, à la tentative d’assassinat. Pour s’en sortir, la pute tue le client. Et s’enfuit.
Tel est le point de départ de cette fiction qui colle à la réalité. Celle d’Aileen Wuornos, considérée comme la première femme serial killer pour avoir tué six de ses clients en l’espace de neuf mois. C’était à la fin des années 1980 aux Etats-Unis. Entre amour, dépendance et manipulation plus ou moins consciente, les deux femmes s’engagent dans une course folle. Contre la société, contre la police, contre le manque de fric.
Pas de doute, les ingrédients sont là pour faire un bon scénario. Et pour créer un joli monstre. Pensez, une prostituée qui entame son round meurtrier en même temps qu’une relation lesbienne… Mais les vrais monstres sont
peut-être ailleurs: ce sont les clients violents d’Aileen, c’est Selby pour sa complicité plus ou moins consciente, ce sont les flics (les vrais!) pour avoir vendu l’histoire avant même d’avoir arrêté Wuornos, selon un fait rapporté par Nick Broomfield dans son documentaire «Aileen Wuornos: The Selling of a serial killer», 1992.
Pour interpréter le rôle de la bête, la réalisatrice Patty Jenkins a trouvé la perle rare. Une Charlize Theron qui se prête au jeu de la transformation avec conviction. Est-ce parce que le thème de la violence la touche particulièrement? Alors qu’elle était âgée de 15 ans, sa mère tua d’un coup de revolver son père, par légitime défense… Quoiqu’il en soit, l’actrice sud-africaine, âgée de 28 ans, réalise une métamorphose spectaculaire. Avec sa quinzaine de kilos en plus qui flingue sa silhouette, sa prothèse dentaire qui transforme tous ses sourires en rictus, ses poches de silicone sous les yeux et un maquillage qui lui mouchète la peau, sans compter sa démarche lourdingue et ses fringues de mauvaise coupe, le mannequin-actrice est méconnaissable.
Est-ce pour autant réussi? Il faut bien le dire, tout ce silicone pèse. La prothèse dentaire empêche l’actrice de parler naturellement. Et sa démarche, trop balancée, trop mec… A force de casser son maintien de ballerine – et oui, Charlize Theron a commencé sa carrière américaine comme danseuse au Joffrey Ballet – on a parfois l’impression que l’actrice en fait un peu trop. Mais qu’importe, Hollywood a applaudi. Et offert à Charlize Theron pas moins d’un Golden Globe et un Oscar.

Monster, de Patty Jenkins, avec Charlize Theron et Christina Ricci. Sortie sur les écrans romands le 10 avril.