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Integrated Colors of Zurich

Tous zurichois! La métropole alémanique vit au rythme de sa seconde campagne d’intégration. On peut être zurichois sans en être originaire. Des néo-bourgeois en témoignent.

Nurudeen, Meili, Jeronim, Giovanna, Laszlo et douze autres habitants de Zurich s’affichent actuellement à travers la ville. Ils ont trois points communs: leur ascendance étrangère, une intégration réussie et, conséquence, leur sentiment d’être «Zurichois». En se sentant chez eux à Zurich, ils reflètent le slogan choisi par la ville pour promouvoir sa politique d’intégration: «Seule une ville ouverte sur le monde peut se prétendre cosmopolite».

Zurich compte plus de 360’000 habitants dont 29% sont étrangers. Parmi eux, 60% sont nés à Zurich ou y résident depuis plus de dix ans. Mais, l’an dernier, la ville a quand même accueilli 40’000 nouveaux résidents, dont 22’000 en provenance des quatre coins du monde. Une proportion moins élevée que Genève qui détient le record suisse avec 37,8%, mais au-dessus de la moyenne nationale s’établissant à 19,8%. Dans ses messages, la ville de Zurich souligne que les étrangers sont plutôt bien intégrés, que le nombre de requérants d’asile est en diminution, que tout se passe plutôt bien. Mais tous les étrangers «n’appartenant pas aux gagnants de l’économie», il subsiste des zones de conflit, en matière de voisinage, à l’école et partout où doivent cohabiter mentalités et modes de vie différents. D’où l’utilité d’une campagne.

La campagne d’affichage est complétée par un dépliant tous ménages rédigé en dix langues. «Vous faites partie de ceux et de celles qui sont venus du monde entier pour vivre et travailler dans cette ville. Vous contribuez beaucoup à ce que Zurich soit une ville vivante et cosmopolite. Nous vous en remercions et nous ferons de notre mieux afin que les Zurichois et les personnes qui viennent de l’étranger se sentent chez eux dans notre ville». Pour réaliser cette volonté, des mesures concrètes: Helpline, médiateur, fêtes d’accueil dans la langue des nouveaux arrivants, cours de langues ou encore Midnight Basketball, un projet qui propose de réunir jeunes, entraîneurs, travailleurs sociaux et jeunes policiers le samedi soir autour du basket et de la musique.

Cette démarche constitue le second volet d’une campagne de communication initiée par le Conseil d’Etat zurichois en novembre 2000 au lendemain du rejet de l’initiative fédérale visant à limiter à 18% le nombre d’étrangers en Suisse. Les premiers messages invitaient les Zurichois à s’imaginer leur ville sans étrangers. Devant l’Opéra, on leur suggérait: «Imaginez qu’il n’y ait que des chanteurs zurichois». Devant l’école d’ingénieurs: «Imaginez qu’il n’y ait que des enseignants zurichois», ailleurs qu’il n’y ait que des serveurs zurichois, de l’émincé de veau à la zurichoise, des vols domestiques, des restaurants zurichois, des Zurichois pour construire les routes… Des messages ciblés selon les lieux pour être sûr d’interpeller le fan de Grasshopper en lui rappelant la présence de joueurs d’étrangers sur un terrain, plutôt que d’essayer de le sensibiliser à la nationalité des barytons…

La Suisse s’est régulièrement prononcée par rapport à sa population étrangère. Mais c’est seulement l’an dernier que la loi fédérale sur les étrangers s’est enrichie d’un article sur l’intégration qui dote le pays d’une politique centrale. Cette année, pour la première fois, la Confédération a distribué dix millions entre 203 projets pour encourager l’intégration. Zurich, bastion des campagnes anti-étrangères menées par l’UDC, s’est taillé la part du lion en empochant près d’un million de francs à répartir entre 47 projets. En Suisse romande, Genève et Vaud ont obtenu de l’aide pour respectivement 9 et 6 projets.

Au lendemain – ou à la veille – d’événements qui peuvent faire craindre le retour d’attitudes de rejet, Mohammad Al-Rafu, jordano-zurichois installé sur les bords de la Limmat depuis 10 ans et actuellement affiché, rappelle la précarité du sentiment d’intégration: «Je fais partie des Suisses qui ne sont pas toujours traités comme tel». Une phrase terrible qui scelle la vision d’une société à deux vitesses.