Greta salue le monde

Je me chauffe du bois dont tu me brûles

Une nuit, dans les jardins suspendus de Babylone, alanguie, en paix loin du tumulte du Monde, je reposais. Quand soudain, surgie de nulle part et sans crier gare, une horde ténébreuse à mes délices brutalement m’arrachait et, après avoir de mon Eden saccagé les merveilles, sur le bûcher m’attachait. Babylone, disaient-ils, était la Putain qu’il fallait par le feu détruire.
Non… Non et non! Jamais de moi tu n’obtiendras ce que je ne veux te donner. Pas la peine de piétiner; pas ma faute si on t’a mal élevé et pas montré qu’en dehors de toi existent les autres. Non, je ne te rattraperai ni ne te supernannyserai; ouvre les yeux, revisite ton passé, vois à quel endroit réside le vide de la démission qui t’a formé. Et prends-en la responsabilité: c’est toi, oui toi, qui assumeras seul tes choix. Tu crois à la pensée unique? Tant pis pour toi; un jour ou l’autre tu en souffriras, car tu ne pourras éternellement te camoufler derrière ce clone qu’à la perfection tu incarnes, pour l’instant en tout cas.
Une faille, une différence aux yeux du Monde un jour te démasquera et, le doigt pointé sur toi, il te rejettera comme tu juges et méprises ce qui ne te ressemble pas. Que tu portes dreadlocks, casquette, chaîne en or sur tes pectoraux ou tout autre uniforme, tu te crois fort parce que nombreux et d’une certaine façon, c’est vrai; tu es normal et conforme jusqu’à tes gestes, tes mots, ton regard et ta peau. Tu souhaites la mort et l’annihilation en jetant l’anathème sur tout ce qui t’échappe et te donnes toutes sortes d’excuses qui de tes actes justifient barbarie et violence: peuple opprimé, catégorie sociale défavorisée ou enfant mal aimé, tout est bon pour éviter de te réveiller. Reste donc endormi dans ton Monde.
Mais si un jour, une nuit au cœur de ton sommeil, aveuglé par tes certitudes, tu te trouves face au Sphinx, salue-le pour moi et prépare-toi au pire de tes cauchemars car si à sa question tu ne réponds pas, c’est lui qui te dévorera, ou peut-être même, dans la peau de ce que tu méprises le plus, acculé contre un mur, seul face à ce que tu croyais être ton clan, te placera.
Allez, on essaie juste pour voir: «Qu’est-ce qui a 4 pattes le matin, 2 à midi et trois le soir?»