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La cousine de Médée et d’Emma Bovary

Isabelle Huppert prête corps et voix à Hedda Gabler. Les Parigots auraient vendu père et mère pour assister au miracle dramatique qui en mars échoira aux Romands qui, eux, ne se bousculent pas encore au portillon.

Il est des spectacles comme la production d’Hedda Gabler selon Eric Lacascade qui s’apparentent à des blockbusters. Si vous n’êtes que vaguement amateur de théâtre peut-être ignorez vous que cette nouvelle version de la pièce d’Henrik Ibsen, dont la tête d’affiche et la raison d’être sont la terrible Isabelle Huppert, est donnée depuis le 13 janvier à l’Odéon-Théâtre de l’Europe à Paris et a provoqué une secousse sismique du côté de la billeterie. Toutes les représentations affichent «complet» depuis belle lurette, le standard explose et la voix flutée du répondeur automatique de mise en attente répète à qui mieux mieux «Il ne reste plus de place disponible pour ce spectacle. (…) Quelques places sont en vente une heure avant chaque représentation en cas de désistement»; les Franciliens sont, il est vrai, rompus à la file d’attente surtout pour admirer les stars. Et bien, Romand qui lis ces lignes, sache que tu es un sacré veinard. En effet, la Comédie de Genève a eu la bonne idée de co-produire cette Hedda Gabler juste pour tes jolis yeux. Ainsi en appelant le service de location genevois, après deux sonneries, une voix de baryton Martin aux intonations mielleuses nous apprend qu’il reste des fauteuils dans toutes les catégories et pour toutes les représentations. Depuis quand est ouverte la location? «Depuis septembre.» A ce stade-là, on se pince en imaginant l’étripage populaire parisien, puis on s’interroge sur le degré d’intérêt des Romands pour le théâtre, les arts et les choses de l’esprit… Sans doute certains recalés de la session parisienne seront tentés de venir par chez nous. Donc à vos téléphones!
C’est la seconde fois sous le règne d’Anne Bisang qu’Hedda Gabler joue des pistolets. A l’époque, c’était l’époustouflante Marie-Armelle Deguy qui campait le rôle titre. Aujourd’hui, le metteur en scène Eric Lacascade, cet amoureux et fin défenseur de Tchekhov, tend à nous convaincre qu’«Hedda Gabler est moins un drame bourgeois qu’une tragédie, qui doit être prise au sérieux et montée comme telle». Bien sûr le rire n’est pas absent des tragédies et chez Ibsen on rit souvent, voire à gorge déployée quand on a peur. «Mariée au médiocre Tesman et tout juste revenue de voyage de noces, Hedda la fille du général Gabler s’ennuie. Méprisante et dépensière, la vie bourgeoise qu’elle mène en province ne lui convient guère. Il y a du bovarysme en elle, un désir inassignable d’autre chose. Quand réapparaît son camarade d’enfance et son ancien amant Loevborg, un débauché amendé par l’amour de sa femme Thea, Hedda en fait son jouet et déclenche une mécanique qui lui échappera.»* Isabelle Huppert à qui rien n’échappe ne fait qu’une bouchée des rets et des lacs tendus à son personnage par le dramaturge norvégien. Cette jouissance est à la portée de vos mains.

Hedda Gabler
Du 13 au 20 mars, au BFM
022 320 50 01
www.comedie.ch

*résumé emprunté au programme 03 du théâtre Marigny