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Michael a mué

Michael a mué

Il aurait aimé tenter sa chance à l’Eurovision, mais à 33 ans, Michael von der Heide n’est plus tout à fait le chanteur à midinettes dont il a l’air. Rencontre à Berlin, capitale du son où il a en partie enregistré son nouvel album 2 Pièces.

Quinze heures trente, je débarque au studio. Les oscillos ondulent sur les écrans; imperturbables, les yeux rivés sur la console, Michael von der Heide et ses arrangeurs. On est en phase de finalisation, il faut moduler avec précision certains détails inapparents. Autant d’effets qu’il y a de boutons sur la machine? Ambiance start-up, chips, sodas et cafés s’alignent à côté des instruments. L’équipe ressemble à une bande d’ados accros à leur playstation. «Hallo! Allô? Je crois qu’il ne comprend pas l’allemand», lance Michael à la cantonade. J’émets un «Nein!» salvateur qui leur tire un sourire et les soustrait à leurs potards. Pour la peine j’ai droit à un petit extrait, d’abord Paris, c’est toi et puis Ich bin wie du. Von der Heide sautille d’excitation en esquissant quelques yodles de sa voix enfantine… Nous nous retrouverons plus tard, à son hôtel. Les petits soldats ne peuvent pas s’arrêter en pleine ébullition.

A vingt et une heures précises, Michael est installé au bar de l’hôtel, il sirote un verre de vin rouge, en essayant de contenir un état d’effervescence encore palpable. «Prosit!» Plus détendu, il explique qu’Annette Humpe, la productrice de quatre nouveaux titres lui a présenté cette équipe de jeunes arrangeurs: «Comme ils ne me connaissaient pas, ils voulaient écouter mes disques, mais j’ai refusé. Et je suis très content parce que le son est vraiment nouveau, c’est groovy et naïf!» Surfant sur cette vague d’enthousiasme, ils ont eu l’idée d’une adaptation en allemand pour Paris c’est toi: Berlin bist du. «Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de chanson sur Berlin, dit-il, mais ce ne sera malheureusement pas pour cet album.» En attendant le suivant, 2 Pièces devrait permettre aux adeptes comme aux néophytes de (re)découvrir l’essentiel de ses dix années d’existence. En ce qui le concerne, Michael von der Heide préfère parler de réussite plutôt que de carrière: «Madonna a fait une grande carrière, dit-il, mais moi je fais de la musique…»

Le sexe d’une chanson
Pourtant, il y a trois ans le chanteur suisse a été sollicité par une major pour tenter une percée sur le marché français et, malgré une cinquantaine de maquettes de chanson, pour la plupart écrites sur mesure, il a préféré rentrer chez lui, à Zurich. «J’ai réalisé que chercher un style qui plaise à un marché, c’est comme les concours ou les académies, passé la trentaine je ne pouvais plus fonctionner comme ça.» Laisse tomber les filles est la première chanson qu’il a enregistrée en français, mais parmi celles qui figurent sur ce double album, il y a aussi le fameux Ouragan ou encore Chauffeur suivez cette voiture, dont l’original est interprété par Lio. Alors pourquoi autant de reprises de textes taillés pour des lolitas et surtout sans en masculiniser les paroles? Et bien tout simplement parce selon Michael von der Heide une chanson ne doit pas avoir de sexe: «Elle ne doit pas être asexuée, mais androgyne.» Et d’ajouter rieur: «Chez moi l’androgynie ce n’est pas quelque chose de travaillé, ça vient naturellement.» Idem pour le duo Nick Cave/Kylie Mynogue, Where the wild roses grow, adapté en suisse allemand avec Kuno Lauener et sur lequel Michael von der Heide chante la partie féminine. «Ça a été quelque chose pour la Suisse alémanique, un peu comme Gainsbourg et Birkin, dit-il d’un air narquois. Je joue le rôle de la fille bien sûr parce que Kuno c’est le macho rockeur. Et je peux bien m’imaginer d’être cette fille, pourquoi pas?» Même si elles n’ont pas eu de graves incidences, pour Kuno Lauener, certaines réactions ont tout de même été assez violentes: «Des gens lui ont écrit des choses assez vulgaires mais moi, explique Michael von der Heide, on m’a dit: «Ahh! tu chantes avec Kuno Lauener, c’est beau!» C’était donc plus courageux de sa part, mais à la fin il a gardé son public donc c’est ok!»
Et d’anticiper la question à venir, il ajoute spontanément: «Moi, je n’ai rien à cacher mais ce n’est parce que je suis une personne publique que je vais raconter tout! Alors, question suivante?» Désarçonné, je tente de rebondir sur le sens de la vie, l’éternel truc pour faire parler n’importe qui et il me lance: «La vie? C’est l’amour. C’est ce que dit la chanson Ich bin wie du: Je suis comme toi, tu es comme moi, j’ai besoin d’amour donc j’ai besoin de toi… C’est très simple, mais c’est comme ça tout le monde! L’amitié c’est aussi l’amour, les enfants c’est l’amour, etc. C’est pas naïf, c’est pas kitsch, c’est la grande vérité.» Alors tu es amoureux? «Oui… oui, OUI!»

Double CD, 2 Pièces, à paraître le 28 février 2005.
www.michaelvonderheide.ch