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Les jeux vidéo font les yeux doux aux «gaymers»

Les jeux vidéo font les yeux doux aux «gaymers»

Les héros stéréotypés «androgynes» remplacent les brutes épaisses dans la grosse artillerie du jeu vidéo. Qui s’en plaindrait ?

Les temps changent. Et les jeux vidéo avec. Bye bye le musclor sans cervelle qui feraille tous azimuts. Aux oubliettes la testostérone héroïque qui trompette sur console la triplette «travail, famille, patrie». Place aux guerriers top classe à la moumoute permanentée. Aux aventuriers efféminés qui allient à la délicatesse de leurs traits un goût vestimentaire sûr et recherché. Comme dans Final Fantasy, série vidéoludique à gros budget, dont l’un des personnages centraux, Cloud, répond pile poil au canon de ces nouveaux héros à l’androgynie assumée. Même dans le très gore et très inquiétant Silent Hill, dont la quatrième livraison vient à peine de sortir, il arrive que les développeurs instillent dans le physique du personnage principal, disons deux doigts de subtile ambiguïté.

Tradition nippone
Après avoir tenté sans grand succès d’attirer les filles dans ses filets, l’industrie du jeu vidéo ferait-elle donc de l’œil aux «gaymers»? Pour autant la chose n’est pas vraiment nouvelle surtout chez nos lointains voisins nippons créateurs des titres précités. Car comme le rappelle Clive Thompson dans un article paru sur le webzine Slate (à lire sur slate.msn.com/id/2098406) les Japonais pratiquent depuis belle lurette la confusion des genres, leur pays inscrivant le travestissement jusque dans les fondements de sa culture.
En Occident, les choses, évidemment, sont différentes. Le secteur vidéoludique taquine tout doucement ce public homo qu’il avait gentiment oublié. Une approche en tapinois sans doute motivée par le rigorisme influent des associations de familles, surtout aux Etats-Unis, qui peut clouer au sol un titre au moment du décollage.N’empêche, depuis quelques années, les éditeurs, enivrés par le carton des Sims, tendent à mépriser l’obstacle. L’idée de ce programme en forme de simili vie? Transformer en cobaye de la science comportementale une micro-communauté virtuelle. Comprenez que le joueur, qui tient ici le rôle du Bon Dieu, mène à grand coup de mulot la destinée d’un petit peuple informatique à qui il donne des amis et tout le confort d’un pavillon cinq étoiles. La première mouture du jeu permettait déjà de s’acoquiner entre représentants du même sexe. La seconde, apparue à la fin de l’été, officialise carrément cette union en envoyant les candidats au Pacs devant monsieur le maire. Gadget rigolo qui sacrifie à l’effet de mode ou vraie reconnaissance sociale? Reste à départager l’astuce. Sur les forums consacrés au Sims 2, les joueurs saluent tout de go l’effort. Un effort qui fait des petits et résonne jusque dans la trame de Fable, jeu de rôle ambitieux censé suivre les traces d’un champion du berceau au caveau. Ses concepteurs avaient très tôt émis la possibilité d’unir le héros de leur histoire avec l’un de ses contemporains. En rayon depuis quelques jours, le jeu fabuleux autorise en effet la drague entre garçons. Quant au mariage, le programme siffle un peu l’air de «La Poupée qui dit non».

Emmanuel Grandjean