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Au labo des collabs

Au labo des collabs

Véritable phénomène de société, la sneaker entre au musée. Très précisément au Mudac, le musée du design de Lausanne, qui se trouve être dans les premiers à y consacrer une exposition en Europe.

À la croisée des fantasmagories pop et hip-hop, du design stylé combiné à la technologie de pointe, de la high fashion et des clichés «bad boys» de la rue, la sneaker est partout. Machine à fantasmes à haut potentiel d’identification, on la retrouve érigée en totem dans les étals des temples de la mode et très largement diffusée sur les adresses phares du shopping en ligne. A nos pieds ou religieusement rangées dans leur carton dans nos placards, tout dépend du degré de fétichisme que l’on voue aux baskets. En toute logique et à la mesure de sa notoriété au paroxysme, la sneaker entre au musée par la grande porte. Lorsque l’association Swisssneaks composée du trio David Berguglia, Julian Bessant-Lamour et Philippe Cuendet a approché le Mudac de Lausanne en vue d’une exposition, l’institution a accueilli la proposition à bras ouverts.

En plein déballage des modèles pour la plupart prêtés par des collectionneurs privés, le directeur artistique de l’association David Berguglia et le conservateur du musée Marco Costantini, tous deux co-commissaires expliquent l’approche de «Sneaker Collab». Comme son titre l’indique, l’exposition est axée sur les collaborations entre les marques et des artistes. Un marché en pleine explosion en écho direct avec la fièvre des collectionneurs.

Dans le cas présent, l’exposition propose un focus sur la sneaker contemporaine afin de mieux comprendre la fascination dont elle fait l’objet, toutes générations confondues. Un fait extrêmement rare, voire unique dans la mode et ses cycles vertigineux entre les sommets de la hype et les abysses de la ringardise. «Nous avons la chance de pouvoir dévoiler une exclu très rare, se réjouit David: le sample de la Dunk High Wu-Tang, qui est en fait la toute première collaboration d’une marque, en l’occurrence Nike, avec des artistes en 1999. Historiquement, c’est là que l’on situe le début des collaborations en-dehors des athlètes».

Les classiques telles que les collaborations de Kanye West avec Bapesta, Louis Vuitton, Nike et Adidas et Pharrell Williams avec Adidas seront présentes, ainsi qu’une série de modèles plus mode, avec les collaborations high fashion de Reebok x Cottweiler et Nike x A-COLD-WALL*. «A la différence du luxe, nous aurons plutôt des marques spécialisées qui font de la recherche et de l’innovation», précise Marco Costantini.

Dépôt chic et scéno choc
Que les fans de Balenciaga et Chanel se rassurent, même s’ils ne trouveront pas leur marque préférée dans le parcours de l’exposition, ils ne seront pas frustrés pour autant. Dans une scénographie soignée faisant un clin d’œil au dépôt avec des matériaux liés à la construction transposés dans un contexte muséal, les quelque 150 paires exposées seront sublimées par des œuvres d’artistes ayant travaillé avec différentes marques. Parmi elles, les visiteurs pourront admirer un tableau de Futura, le célèbre graffeur de Brooklyn, ainsi qu’un extincteur de Krink, l’artiste new-yorkais qui crée des encres destinées justement au grafitti, ainsi qu’un tableau signé à quatre mains par Virgil Abloh et Takashi Marakami!

Jeremy Scott s’inspire des objets de l’enfance pour créer son univers fun, burlesque, décalé et souvent trash. Comme ce modèle pour homme Bear Gold Glitter créé pour Adidas Originals.

Plus près de chez nous, on retrouvera le prototype de basket imprimée conçue par le designer lausannois Christophe Guberan. Son travail de recherche technologique en collaboration avec le laboratoire MIT fait l’objet de la convoitise de nombreuses marques en quête de design innovant. L’exposition sera enrichie d’un secteur dédié aux innovations techniques et au développement, notamment durable, avec des documents, des prototypes et des croquis du concept au produit final.

Art en production industrielle
Comme l’art contemporain, à la différence qu’elle est produite en série, la sneaker représente aujourd’hui un réel marché. A la fois objet de désir, de spéculation et de placement, les raretés se vendent à prix d’or. «Les modèles exclusifs partent en quelques heures dans les ventes spéciales comme chez Supreme par exemple. Dès le lendemain, on les retrouve en ligne», observe Marco en précisant: «Aujourd’hui, la sneaker a sa place dans un musée du design et des arts appliqués, car c’est un objet qui a une histoire, ses méthodes et ses réflexions. Elle s’inscrit dans une généalogie historique et culturelle plus large que la mode.

Au même titre que la rue lorsqu’elle a commencé à inspirer la création dans son ensemble, la sneaker est liée à l’émergence du rap et du street-art dans les années 80». Pas vraiment une œuvre d’art puisqu’elle est rivée à sa fonction d’être portée, elle atteint son statut de création originale, touchée par la grâce de la transformation par les créateurs. Et s’il est inconcevable pour certains collectionneurs de porter leurs modèles par peur de les abîmer, David rappelle cette terrible sentence en souriant: «Il s’agit d’une denrée périssable, en proie à l’usure du temps».

Les Nike en chocolat conçues par le designer lausannois Philippe Cuendet sont rééditées pour l’expo: en version grande à déguster pendant le vernissage, puis en version miniature lors de l’atelier du 16 novembre.

Conférences en partenariat avec L’ECAL, tables rondes, journées d’étude à l’UNIL, soirées DJ, ainsi qu’une création originale de danse à l’Arsenic: en marge de l’exposition, une série d’événements se succéderont jusqu’à fin janvier 2020. Samedi 16 novembre à 13h, les amateurs de sneakers et de chocolat seront ravis de participer à l’atelier organisé en partenariat avec le chocolatier Blondel à Lausanne. Pour l’occasion, plusieurs modèles de Nike en chocolat imaginées par Philippe Cuendet, fondateur de l’agence de design lausannoise +41 //DIY seront rééditées en petite version et chaque participant pourra mouler sa paire.

» Sneaker Collab, du 19 septembre 2019 au 26 janvier 2020 au Mudac, Lausanne. Plus d’infos sur mudac.ch et swisssneaks.ch