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Babadook, l’icône gay horrifique d’une époque qui ne l’est pas moins

Babadook, l’icône gay horrifique d’une époque qui ne l’est pas moins

Le héros inquiétant d'un film australien de série B a été adopté comme mascotte par la communauté LGBT américaine. Le résultat d'un heureux accident...

Le film était passé quelque peu inaperçu, du moins en Europe. Le Babadook, créature horrifique tirée du long-métrage éponyme de l’Australienne Jennifer Kent, connaît une promotion aussi subite qu’accidentelle en tant… qu’icône gay. Ce film de 2014 évoque l’apparition dans une maison d’une créature sortie d’un livre animé pour enfants. Et depuis peu, cet être obscur au sourire inquiétant et au chapeau haut de forme, vient hanter les pride américaines, sous forme de déguisements ou de clins d’œil sur les réseaux sociaux.

A l’origine de cet engouement: ce qui semble être une erreur de classement sur Netflix. Le site de streaming avait brièvement suggéré «The Babadook» dans sa catégorie «LGBT Movies». Il n’en a pas fallu plus pour déclencher une avalanche de discussions sur Tumblr et Twitter, suivies d’interprétations graphiques: Babadook sur fond arc-en-ciel, Babadook style drag-queen, Babdook surgissant au milieu de la foule dans une marche des fiertés… Autant de détournements assumés par l’équipe du film: «Babadook est gay s’il veut l’être. Et il te fait dire: Je t’emmerde», ont-ils répondu à un fan qui s’inquiétait de la prolifération de drapeaux arc-en-ciel autour de son héros.

Parabole queer
Pour le «Los Angeles Times», le film tient bel et bien de la parabole queer: «Le Babadook est créatif et il a un habillement distinctif. Au lieu de vivre dans un placard au sens figuré, il habite une cave au sens propre. Il existe dans un état de semi-reconnaissance de la part des autres habitants de la maison. La famille a peur de ce qu’il est, mais elle finit par trouver un moyen de l’accepter.» Karen Tongson, professeure d’études genres, confirme: «C’est ce que ressentent beaucoup de LGBT dans leur propre famille. Il y a tant de LGBT qui sont privés de représentation dans la culture populaire, que l’on en arrive à se projeter dans des ce type de figures.»

Evidemment, Babadook ne fait aucun coming-out. Mais c’est le cas des plus grandes icônes gay, depuis Judy Garland dans les années 1950. Et puis les LGBT ont toujours eu des affinités avec les genres horrifique et fantastique, de Frankenstein à Dracula en passant par le Fantôme de l’Opéra. Cette vieille tendance à s’identifier à des monstres est d’autant plus forte que la période actuelle (massacre d’Orlando, Trump, Tchétchénie) voit revenir au galop intolérance et menaces, note Tongson. «Dans une époque comme celle-ci, qui mieux que le Babadook pouvait représenter non seulement le désir queer, mais aussi notre antagonisme, l’insolence de notre condition, bref, notre queeritude?»