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Guets-apens

A la matraque ou sur une proie séquestrée, faire entrer de force la haine par l’anus: en France, les actes racistes et homophobes n’y vont pas par quatre chemins.

«Une matraque ne sert pas à s’introduire dans l’anus», clamait l’avocat de Théo début février 2017 au lendemain de la sordide affaire à Aulnay-sous-Bois, en région parisienne. Dans la mesure où le jeune homme de 22 ans n’était pas consentant, le cinglant rappel au mode d’emploi d’une matraque de police de la part de l’homme de loi soulignait le caractère particulièrement barbare de l’affaire. Car non, Théo n’avait rien demandé ce jour-là. Ni à se faire cracher à la gueule et se faire traiter de «négro», «bamboula» et «salope», ni à se faire violer sauvagement jusqu’à se faire déchirer de l’intérieur. Stupéfaction, nausée, puis inévitablement, cette montée de haine que l’on ressent face à l’injustice.

Très vite, on s’auto-rappelle à l’ordre en se raisonnant: non, nous ne tomberons pas dans le panneau en répondant à la haine par la haine. Mais quand même. En témoignent les visages tuméfiés et les yeux au beurre noir que l’on voit régulièrement passer sur le fil Facebook, les agressions homophobes, physiques et sourdement psychologiques, il y en a trop. Partout. Mais revenons à Théo qui lui, ne s’est pas fait agresser pour ses préférences sexuelles. La raison, tout aussi immonde et intolérable que l’homophobie, c’est la couleur de sa peau. Il s’est fait violer uniquement parce qu’il est tombé sur un flic zélé de la matraque qui n’aime pas les Blacks. Menacé dans sa virilité d’homme blanc? Bien possible, mais les spéculations ne mènent nulle part et les complexes d’un homme ou son racisme outrancier ne devraient tout simplement jamais entraver la vie des autres. Homo refoulé ou pas, il a introduit par la force sa haine dans l’anus d’un mec qui a eu le malheur de se trouver sur son chemin ce jour-là.

Ras-le-bol général
A nouveau la stupéfaction, à nouveau la nausée et à nouveau cette montée de haine… Une fois encore, on se dit que l’on se doit d’être plus fort. Mais quand même. La haine sodomisée, voilà qui fait écho à l’ère du président des Etats-Unis se vantant «d’attraper les femmes par la chatte». Sidération internationale, point de rupture, ras-le-bol général. Zak Ostmane – le premier Algérien à révéler publiquement son homosexualité dans son pays – avait rejoint la France en 2014 en tant que réfugié. «Un lieu sûr», pensait-il. Jusqu’à ce sombre vendredi 3 mars où il s’est fait séquestrer pendant 36 heures par deux ex-légionnaires anglais et américains dans une chambre d’hôtel à Marseille. Drogué, tabassé, menacé de mort par ses tortionnaires, il a repris connaissance en train de se faire violer par l’un d’entre eux. Il criait, pensait qu’il allait mourir. L’autre est revenu dans la chambre, Zak continuait de crier. En guise de réponse, ses bourreaux l’ont frappé plus fort encore en lui balançant: «Ta gueule sale PD, si t’arrêtes pas de crier on te tue». Sauvé in extremis par trois flics qui l’ont entendu hurler par la fenêtre de la chambre d’hôtel, Zak s’est réveillé de son cauchemar avec l’effroyable découverte que le parquet de Marseille avait certes ouvert une information judiciaire pour viol et séquestration et violences aggravées, mais s’était gardé de retenir le caractère homophobe du crime. C’est l’association SOS homophobie qui se chargera de le soutenir dans ses démarches.

Alors non, nous ne rêvons pas, l’époque est bien celle où nous n’avons plus le choix de descendre dans la rue pour nous réunir et protester ensemble contre la violence, l’injustice, le racisme, le sexisme et l’homophobie rampants. 2017, l’année où la Gay Pride reprend son sens initial?