La Pride de Lugano répond à une salve de critiques
Des élus PDC s'offusquent de l'organisation d'une première marche des fiertés gay, lesbienne, bi et trans dans la métropole tessinoise en 2018: un événement «étranger aux traditions» locales et dangereux pour le tourisme, selon eux.
Un «événement de niche, à certains égards controversé et étranger à nos traditions. » C’est ainsi que trois représentants du PDC de Lugano ont qualifié la Gay Pride projetée du 30 mai au 3 juin 2018. A plus de deux ans de la parade LGBT – la toute première dans le très conservateur Tessin – Armando Boneff, Sara Beretta Piccoli et Angelo Petralli cherchent déjà des poux dans la tête des organisateurs. Ces élus s’inquiètent du préavis positif donné par la municipalité à l’événement itinérant, rapporte le site Tio/«20 minuti». Née à Genève en 1997, la Pride se tient chaque année dans une ville différente. Elle se déroulera cette année à Berne, en août.
Dans une série de questions adressée à l’Exécutif luganais, les conseillers municipaux démocrates-chrétiens laissent entendre que la ville a récemment réduit ses aides au carnaval pour aider la Pride, selon eux difficilement compatible avec l’image de marque de la ville et avec «l’objectif des touristes que nous souhaitons attirer».
«Attaque idéologique»
Interviewé sur la chaîne locale TeleTicino, le membre de l’Exécutif Roberto Badaracco (PLR) a répondu en dénonçant une «attaque aux motifs idéologiques». Il a d’abord démenti toute attribution de fonds publics à la Gay Pride, qui n’a pas demandé d’argent à la commune. «Il n’est pas vrai que l’événement ne correspond pas aux objectifs touristiques de la ville, a-t-il ajouté. Ce type d’événement a bel et bien un impact positif, comme cela a été montré dans d’autres villes suisses et dans le monde.» L’organisation d’une Pride montrera selon lui un nouveau visage de Lugano, comme une «ville inclusive»: «Arrêtons de nous considérer comme le nombril du monde et de mettre tout dans le même sac.»
Sur sa page Facebook, le comité d’organisation Pride 2018 a adressé hier un message aux Luganais en réponse aux critiques: «La Suisse italienne a besoin de cette Pride pour changer la société. Nous autres lesbiennes, gay, bi et trans sommes vos amis de lycée, vos voisins, vos cousins, vos collègues. Nous sommes le commerçants en bas de chez vous, l’enseignant, le conducteur du bus qui vous amène au boulot. Nous avons les mêmes devoirs, nous payons les mêmes impôts, et nous vous demandons de construire ensemble une société où personne – à l’école, dans la rue, au travail ou sur le Net – ne serait légitimé à nous insulter, nous harceler ou nous discriminer.»