Au nom du bear…
A quelques semaines du coup d’envoi de Bearnemotion, le grand weekend des bears suisses à Berne, l’un des animateurs des Swissbears en Romandie, Rémy nous introduit à la vie de ces plantigrades en voie de multiplication.
Déclinaison helvétique d’un mouvement né dans les années 70 aux Etats-Unis, les Swissbears comptent environ 350 membres, ours et sympathisants, à travers le pays. Leur credo: Je suis poilu, éventuellement un peu enveloppé, âgé de plus de 30 ans … et j’en suis fier! Entre randonnées, «pots» et «stammtisch», les Swissbears cultivent leur côté un peu rugueux. «On a un côté ‘bière à la main, poil au menton’, un certain culte de l’amitié virile, mais finalement, chacun est comme il est, et on n’oblige personne à porter une chemise à carreaux. En fait, l’idée qui nous sert de point de départ, c’est de s’affranchir des règles et des modes», résume Rémy, l’un des animateurs des Swissbears en Romandie. De là à les imaginer en ours mal léchés? «…bien léchés, au contraire! proteste Rémy. Le sexe est un aspect très important, mais chez nous il a un aspect convivial!» De fait, les soirées bear aux Bains de l’Est ou au DogKlub de Genève font le plein. «Ce n’est pas forcément des occasions où il y a le plus de sexe, mais c’est certainement là où les gens sourient et se parlent le plus.»
Canons du sexy
Rémy passe en revue la véritable ménagerie qui compose la mouvance bear: du «cub» (ourson) au «wolf» (loup), en passant par l’«otter» (otarie), chacun avec ses caractéristiques; jeunes, mûrs ou minces, par exemple, sans parler du «chaser», le chasseur de bear, lui-même glabre, mais grand amateur de mecs poilus. Bref, en attendant de voir les femmes à barbe rejoindre le club, tout le monde, ou presque, y trouve son compte.
Mais au fait, à force de cultiver leur différence, les bears n’ont-ils finalement adopté des normes esthétiques tout aussi strictes que la majorité des gays? «Il y a une lutte au sein des bears sur la mode des ‘muscle bears’ par exemple, des barbus et poilus à belle gueule, qui n’ont de kilos en trop que de muscles, explique Rémy. Certains en prennent ombrage, et trouvent que ça redonne des stéréotypes.» De fait, la mode bear a été récupérée dans la scène gay conventionnelle, où la barbe, le poil et la calvitie (sinon l’embonpoint) ont été réintégrés dans les canons du sexy. Reste que, pour Rémy, la communauté gay a encore quelques progrès à faire pour accueillir les hommes n’ayant pas la forme et l’âge requis. D’ici là, la mouvance bear a encore de beaux jours devant elle.
C’est sur l’invitation amicale de l’Office du tourisme de Berne (normal, pour une ville qui a l’ours pour emblème), que les Swissbears organisent leur traditionnel weekend festif dans la capitale du 5 au 7 octobre. Pour l’occasion, plus de 200 bears sont attendus, en provenance de tout le pays – et les romands sont déjà parmi les premiers inscrits.
Temps forts de ces trois jours, la disco du vendredi soir à l’Anderland avec DJ Gero; samedi après-midi, la visite guidée de l’exposition Einstein au Musée historique et enfin, bouquet final samedi soir avec un dîner-spectacle au Théâtre National.
Pour agrémenter le tout, des incursions à la carte dans les saunas, des agapes dans les meilleurs restos de la ville, un brunch dominical avec produits de la ferme, des visites et excursions dans la ville et aux alentours… et bien sûr – comment rater ça ? – le pèlerinage à la fosse aux ours !
Programme et inscriptions : www.swissbears.ch Le weekend est ouvert à tous, les membres des Swissbears bénéficient de réductions.