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Roselyne Bachelot, une force gaie

«La Castafiore du Maine-et-Loire » fait preuve d’un franc parler désarmant. Portrait d’une femme souvent moquée, peut-être à tort.

Il suffit de prononcer le nom de Roselyne Bachelot pour entendre mille quolibets et autres petites vacheries. Les uns s’en prennent à ses yeux papillonnants ou à sa voix haut perchée. Les autres critiquent son look de bourgeoise sexagénaire rangée des voitures du gouvernement Sarkozy. Derrière son allure bonhomme et son sourire avenant, elle serait donc un peu nunuche, la Bachelot. Mais peut-on durer en politique pendant trente ans en étant une exubérante idiote? Certainement pas. Elle a d’ailleurs de qui tenir: des parents résistants, militants gaullistes; une mère féministe; une grand-mère syndicaliste; une autre fervente abolitionniste de la peine de mort. Alors, non, Roselyne n’est pas tombée de la dernière pluie. Bien au contraire, elle a même souvent payé son franc-parler en étant isolée dans son propre camp.

De droite à gauche
Elle reste à jamais la dame du pacs et la figure de droite qui s’est opposée à l’obscurantisme religieux d’une Christine Boutin à l’Assemblée nationale. Elle demeure la dame de cœur qui s’est déclarée très troublée par le discours de Grenoble sur les roms ou par le débat sur l’identité nationale auquel elle a refusé de participer. Elle est aussi la dame de fer qui, envers et contre la plupart de ses collègues de parti, défilait récemment en faveur du mariage gay. Autant dire qu’elle n’a pas toujours partagé la politique sociale de Sarkozy. Mais elle est persuadée qu’il n’a jamais flirté avec les idées du FN. Sinon et de toute manière, elle évite de critiquer Nicolas après coup car ça manque d’élégance. Elle n’hésite pas, en revanche de flinguer Chirac. Persuadée que le fait d’avoir parlé de l’appareil auditif du président lui a valu son poste de ministre de l’écologie, elle lui en veut encore.

De haut en bas
La féministe acharnée peut-être une tueuse. Mais une tueuse qui a de l’humour et qui tient parole. En 2008, elle avait promis que si la France obtenait quarante médailles au JO, elle se rendrait au Conseil des ministres en crocs roses, elle l’a fait quitte à être ridiculisée par une certaine presse. Peu importe, les chiens hurlent et les caravanes passent. Roselyne Bachelot ne maque pas de répartie, ni de chaussetrappe dans son sac griffé.

À l’heure où il est courant que des journalistes entrent en politique, elle a osé une reconversion d’un nouveau genre puisqu’elle est désormais animatrice sur D8. Une première ! Et tant pis si ses anciens camarades de jeu froncent le sourcil, elle se sent libre, elle s’amuse. Loin du pouvoir, sur le plateau de Laurence Ferrari avec trois autres chroniqueuses, elle joue la sniper du PAF décomplexée qui essaye des stilettos ou qui parle de cul avec gourmandise. L’Angevine est une bonne nature. Parfois rigolote, quand il s’agit d’évoquer sa perte de poids spectaculaire. Parfois exagérément affectée lorsqu’il faut s’offusquer des dégâts de la prostitution chez les jeunes. Son air de tragédienne nous rappelle alors son amour de l’opéra. Dans un effet de manche dont elle a le secret, elle prépare un livre sur les rapports père-fille dans l’œuvre de Verdi.

A 66 ans, Roselyne Bachelot fait de la télé pour faire de la politique autrement. Et sans doute pour exister autrement. Une drogue n’en remplace-t-elle pas une autre ? Mais ce qui est certain c’est que Roselyne Bachelot est une femme résolument progressiste que personne n’a jamais pu enfermer dans une case.

A l’endroit, à l’envers
Membre active de la commission Jospin pour la modernisation de la politique, elle est aussi capable de réclamer plus d’ail dans le pesto devant des mines déconfites. Voilà qui nous la rend éminemment sympathique. Et cela d’autant plus aujourd’hui. Car même si la « star » incontestée de l’un des débats les plus longs de la 5e République sur la mariage pour tous est Christiane Taubira, il existe d’autres femmes qui ont œuvré en coulisses. En l’occurrence il s’agit d’une femme de droite. Roselyne Bachelot a hanté cette réforme en tenant le rôle d’une défricheuse. De quoi saluer cette franc-tireuse à sa juste valeur.