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La Rioule du 1er août

jeu 1 août, 16:00

L’auberge espagnole version Sitges

Quand un gay et une lesbienne vivent ensemble, ils en profitent pour revisiter les préjugés. Morceaux choisis de conversations entre deux colocs homos. Miroir, miroir, oh mon beau miroir!

Elle: Je t’ai fait de la place dans la salle de bain pour tes affaires. Vas-y, tu peux y aller, y a de la place!
Lui: Merci, mais ça va me prendre du temps. J’ai trop de produits, il faut d’abord que je trie mes trois boîtes de cosmétiques. Je n’arriverai pas à tout mettre dans les placards.
Elle: Trois?
[Un homosexuel qui a beaucoup trop de crèmes pour les mains, pieds, visage et autres parties du corps qu’une seule peau ne pourrait absorber en une vie. En face de lui, une lesbienne qui n’a qu’une boîte à maquillage digne d’une trousse de premiers secours. À peine étaitil installé depuis trois jours que les premiers clichés sont sortis.]

Lui: Ce dont j’avais peur en venant habiter chez toi, c’est que tu aies une certaine animosité envers les mecs. Une lesbienne doublée d’une féministe extrême.
Elle: Tu sais, on peut être gouine sans être féministe. C’est pas un cadeau qu’on reçoit à l’achat de deux paquets de lessive! Au contraire, je me suis dit que je trouvais ça cool de vivre avec un mec, gay ou non.
[La lesbienne anti-homme fondamentaliste existait dans la tête du garçon. Un raccourci beaucoup trop simple: lesbienne = n’aime pas les hommes = féministe. Tordu.]

Lui: Navré pour ce que je vais te demander. Mais… t’as un sèche-cheveux?
Elle: Oui! J’en acheté un il y a deux semaines. J’en avais pas avant…
Lui: J’ai pas envie d’être un stéréotype du pédé qui demande à une fille de lui prêter son sèche-cheveux. J’ai pas envie d’entretenir l’image de l’homo efféminé. Au fond de moi je me dis que je renvoie l’image que les homophobes utilisent pour nous insulter.
Elle: Quand tu parles des follasses, moi je vois plutôt celles qui fréquentent une «pote à gays», avec des «Oh! ma chérie!» à la clé. Et puis les gens aiment aussi enfermer les autres dans des cases, ça les arrange. Et si un gay devait réfréner ses poignets cassés, ça voudrait dire qu’il n’est pas à l’aise avec lui-même, il serait malheureux.
[Pauvre garçon qui a peur de décevoir sa colocataire. ]

Lui: Je n’ai jamais vu de lesbienne dans la rue. J’en croise quand je sors, mais elles répondent au stéréotype de la gouine aux cheveux courts, cravate et chemise. Toi, tu ne corresponds pas à ça.
Elle: Les gens pensent souvent n’avoir jamais croisé de lesbienne. Évidemment, c’est plus facile à repérer si tu penses en clichés. Comme je connais beaucoup de différentes, j’ai plus de ressources pour mon gaydar. J’en repère plus qu’une personne qui ne les connaît pas vraiment.
Lui: Il y a des comportements communs chez les lesbiennes et chez les gays, comme chez tout le monde. Des codes subtils. Un geste, un regard. J’arrive à détecter des gays dans la rue ou dans un bar hétéro sans faire appel aux clichés de la folle.
[Les deux colocataires s’amusent souvent des clichés. Ils en jouent parfois. En dépit de l’existence des clichés à l’intérieur de la communauté, les deux collocs n’ont pas plus d’a priori que ça.]

Lui: Pourquoi cette animosité entre gays et lesbienne? Je croise souvent des homos qui ne peuvent viscéralement pas sentir le sexe opposé, alors qu’on est dans le même bateau.
Elle: Je pense que les gays ont le syndrome du grand frère: ils ont milité pour la cause tandis que les lesbiennes étaient moins visibles. Du coup, les gays leur reprochent leur ingratitude.
Lui: J’ai l’impression qu’on entend moins les lesbiennes dans les grands médias quand il s’agit de parler de l’homosexualité ou du mariage gay. C’est aussi un stéréotype: les homos sont tous des hommes. Les lesbiennes peuvent en vouloir aux gays de les représenter.
Elle: Dans notre génération, il n’y a plus vraiment cette rivalité. Je crois qu’on se mélange plus entre gays et lesbiennes qu’avant. Les gens se découvrent dans leur nuance plus que dans leurs cheveux courts ou leur crème de nuit.
[Ils pensaient n’avoir aucun préjugé. Au fil des conversations, les deux habitants se sont rendus compte qu’ils en projetaient quelques uns, même minimes. Après avoir fait leur coming-out des stéréotypes, la vie peut continuer.]

Elle: J’ai l’image du gay qui ramène plein de conquêtes à la maison, différentes chaque soir. Mais en fait, c’est pas forcément vrai. Et si oui, je m’en fous!