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Mattea David: «Aujourd’hui, je m’aime pour ce que je suis»

Mattea David: «Aujourd’hui, je m’aime pour ce que je suis»

Continuons de dérouler le fil rouge qui unit 360° avec The deep NEsT, le projet initié par Natascia Bandecchi, journaliste RSI. Le deep NEsT est un lieu sûr, sans jugement et où celleux qui nous parlent sont libres de partager des fragments de vie entre douleurs et passions, joies et peurs, victoires et défaites, rêves et cauchemars.

Mattea David est née à Faido le 4 juillet 1993, sous le signe du Cancer, «ascendant Scorpion, une combinaison gagnante», précise-t-elle. Elle vit à Lugano depuis 2001. Elle n’a pas de voiture et se déplace à pied ou en transport en commun. Celle qui aime écouter de la musique à la radio, de préférence italienne, remplit, en plus de son job d’architecte d’intérieur qui l’occupe principalement, une fonction de conseillère municipale du Parti socialiste de Lugano et copréside le comité cantonal du PS. Elle s’estime privilégiée d’explorer ce qui l’anime intérieurement, tant dans sa sphère professionnelle que politique. Elle est passionnée de littérature, de géographie, de musique, d’histoire et de médias, «surtout ceux qui informent plutôt que ceux qui divertissent». Elle est amoureuse, ses yeux qui brillent le prouvent. En plus de ses sentiments pour une autre fille, Mattea confie qu’elle ressent «un amour profond pour elle-même». Enfin! Le cheminement est long, mais il en vaut la peine.

En roue libre

D’habitude, c’est moi qui pose les questions. Mais Mattea me devance: «Puis-je faire un entretien en roue libre?» Ma réponse est oui, évidemment. «Lorsque vous m’avez proposé l’interview, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir dire. Ai-je même quelque chose à dire? Je me suis alors souvenue d’une des raisons d’exister de The deep NEsT: que les gens se sentent moins seul·e·x·s». Mattea continue de raconter son histoire en sirotant un verre de vin rouge Valpolicella, elle est adepte des cépages de caractère: «J’avais 21 ans quand j’ai fait mon coming-out à ma famille. Je l’ai fait plus tard en politique, en 2019. Ce sont deux moments très différents. J’ai ressenti un certain malaise en famille, alors qu’en politique je me suis sentie immédiatement acceptée. J’ai compris l’importance de l’exprimer sans avoir besoin de l’afficher. J’aborde aujourd’hui le sujet de façon totalement spontanée. Plutôt que de dire: «Je suis Mattea et je suis lesbienne», je dis: «Je suis Mattea et ma partenaire s’appelle…»

Acceptation de soi

La diversité se cache parfois dans le regard des autres. Dans quelle mesure l’être humain est-il prêt à dépasser la peur de l’inconnu? «Dans l’arène politique, je ne me suis jamais sentie discriminée en tant que femme homosexuelle. Pas même les collègues des partis opposés à mon spectre politique. Paradoxalement, j’ai éprouvé une gêne en raison de mon orientation sexuelle avec ma première petite amie. Nous avions toutes deux 22 ans, nous fréquentions la SUPSI (ndlr: Haute école spécialisée de Suisse méridionale). Personne n’était censé être au courant de notre relation, elle prétendait que les gens auraient pu nous traiter différemment. «Se tenir la main en public? Oublie ça! Lorsque nous étions en vacances et qu’on nous demandait quel genre de lit nous souhaitions, elle s’empressait de  répondre: ‘deux lits simples s’il vous plaît!’ J’intervenais aussitôt pour rectifier en choisissant un grand lit.» Arrivée en politique, elle a commencé à fréquenter Imbarco Immediato (ndlr: l’association LGBTIQ+ du Tessin), sa sensation d’inadéquation faisait place à une Mattea plus confiante. «J’ai réalisé qu’il n’y avait rien d’anormal chez moi, et j’ai compris que je pouvais vivre la vie que je voulais en étant homosexuelle.»

Stimuler l’inclusivité avec un dialogue simple

Mattea était consciente de son orientation sexuelle dès l’école primaire. Malgré ça, quelques relations hétérosexuelles ont jalonné son propre chemin d’acceptation de soi. «Maintenant que je m’aime pour ce que je suis, je trouve important de me présenter, même dans l’environnement politique, de la manière la plus authentique et transparente possible. Sans ressentir le besoin d’en faire un manifeste.» Y a-t-il encore beaucoup à faire au Tessin en matière d’inclusion des LGBTIQ+? «Je pense que l’inclusivité est intrinsèque. Malheureusement, elle est quelque peu éclipsée par le manque de naturel dans l’approche envers nos communautés. A mon avis, il suffirait de la stimuler un peu pour la faire émerger en cherchant simplement le dialogue, en se parlant, en apprenant à se connaître. Après tout, il suffit de changer de perspective et de chercher à rencontrer son voisin.»