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Pride de nuit:«Il est possible d’être politique et festif à la fois»

Pride de nuit:«Il est possible d’être politique et festif à la fois»

La première Pride de Nuit romande se déroulera en juillet 2022 à Lausanne. Revendiquée anticapitaliste, cette rencontre queer est portée par un collectif militant lausannois qui a répondu à nos questions.

C’est à la terrasse d’un café bien connu des milieux alternatifs vaudois que nous rencontrons le collectif Pride de Nuit. S’inscrivant dans une contestation de la marchandisation des luttes LGBTIQ+, le collectif souhaite proposer une alternative militante, politique et festive au pinkwashing ambiant.

Comment est né votre collectif? 

Tout est parti d’une rencontre, où chaque personne a pris des petits billets pour y noter «JPP…» [ndlr: abréviation de j’en peux plus], en lien avec la queerness, le système économique ou la société en général. Ça a été de «JPP de faire des coming out», à «JPP des violences policières», ou encore «JPP de pas pouvoir aller en soirée sans être dérangé·e·x par des mecs relous». Cela nous a permis d’avoir une vision d’ensemble des problématiques rencontrées par la plupart d’entre nous au quotidien, et ainsi d’y ancrer notre travail politique.

Et comment avez-vous travaillé sur ces thématiques-là?

Nous avons créé plusieurs groupes de travail (GT). Par exemple, le GT manifeste s’occupe de mettre en mots le travail politique du collectif alors que le GT prévention cherche à regrouper nos compétences en termes de santé sexuelle notamment, tout en réfléchissant à des possibilités de s’auto-former sur ces questions-là. En tout, c’est plus d’une trentaine de personnes qui s’impliquent dans notre collectif.

Il existe déjà des prides organisées en Suisse cet été, notamment Bulle et Zürich. En quoi est-ce que ces prides-là ne vous représentent pas et quelles nouveautés amenez-vous?

Les prides sont tout à fait dépolitisées et nous souhaitions amener une nouvelle force de proposition sur ce terrain-là. Notre but est d’avoir des revendications ancrées dans les luttes sociales, tout en rendant visible la pluralité des représentations LGBTIQ+. Avant tout, nous souhaitons sortir de l’idée de partenariats avec les multinationales. Aussi, nous voulons montrer qu’il est possible d’être politique et festif à la fois. Ce qu’on propose finalement, c’est un espace complémentaire à ce que fait la Pride de Bulle par exemple, avec laquelle nous sommes en contact. Les retours ont été plutôt positifs, même si la dimension anticapitaliste de notre lutte passe un peu moins bien auprès d’organisations plus classiques. Cependant, cette notion-là est centrale chez nous. On cherche vraiment à souligner le rôle du système économique que nous connaissons et qui impose aux personnes marginalisées des violences structurelles. C’est pour cette raison notamment qu’on s’oppose complètement à la Pride de Zürich. En faisant la part belle à un ensemble d’entreprises capitalistes qui sont à rebours complet des luttes sociales, elle ne représente pas nos communautés. Ces entreprises contribuent aux violences systémiques comme par exemple le réchauffement climatique, ou encore les exploitations néo-coloniales.

Et qu’est-ce que vous proposez comme actions pour lutter contre ces violences?

Notre manifeste offre une palette de revendications, dont certaines sont très concrètes, comme la semaine de travail à quatre jours, ou l’accès pour tous·tes·x à des retraites décentes. On cherche bien entendu à intégrer les questions LGBTIQ+ à ces revendications sociales, mais elles n’excluent pas des revendications plus larges.

Quel va être le programme de la journée du 2 juillet?

Une manifestation est prévue en fin d’après-midi à Lausanne. L’heure et le lieu seront confirmés une fois que les autorisations auront été obtenues, et un appel à manifester sera transmis aux associations. Cette parade sera suivie d’une soirée aux Docks, où on retrouvera une ambiance festive avec des performances. Nous travaillons à  des solutions pour que la soirée soit financièrement accessible au plus grand nombre. Pour réunir l’argent nécessaire, nous organisons des soirées de soutien à Lausanne, comme c’était le cas au Cylure le 19 mai, ainsi qu’à la Couronne d’Or le 9 juin pour une soirée messages bienveillants et concert acoustique. Bien entendu, tout éventuel bénéfice sera reversé à des associations LGBTIQ+ locales ou réinvesties dans nos prochaines prides. Cependant, on s’appuie beaucoup sur nos connaissances et sur le matériel qu’iels peuvent nous prêter. Pour nous, il y a une vraie dimension politique à s’inscrire dans une démarche décroissante.

Retrouvez Pride de Nuit sur:

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