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Quand les cathos jumelaient Fribourg et Sodome

Même s'il n'est pas exclu qu'ils montrent le bout de leur crucifix, ce samedi 22 juin, les anti-Gay Pride semblent aux abonnés absents. En 1999, ils avaient assuré à la parade un sacré coup de pub.

Quoi? Une Gay Pride à Fribourg?! En ce début d’année 1999, le fait que la troisième édition de la Marche des fiertés soit organisée sur les bords de la Sarine déchaîne les lecteurs de «La Liberté», plusieurs mois avant l’événement. Un défilé d’homosexuels dans une cité catholique, quel affront! «Si personne ne réagit à de telles dérives, on finira par assimiler l’homosexualité à une condition religieuse», avertit une autre lettre. Témoignant sur la TSR, une opposante confie que la photo d’une gay pride «lui a retourné le sang»: «Je trouve ça laid». Plus radical, un certain Pierre Stempfel prophétise, dans les colonnes du quotidien local: «Les Fribourgeois se souviendront de leur ‘jumelage’ avec Sodome et Gomorrhe.» Interviewé par la télévision, ce fervent catholique – qui n’était autre que le controversé directeur de la Croix-Rouge cantonale, comme l’avait relevé «360°» à l’époque – appuie cette conviction en exhibant la page d’une encyclopédie illustrée. Les Fribourgeois bientôt changés en statues de sel «à cause de leurs mœurs répréhensibles»?

«Valeurs du terroir»
Ce qui semble tracasser les adversaires de la Gay Pride au plus haut point, en cette fin du XXe siècle, c’est que les homosexuels puissent défiler en ville, aux yeux de tous. Comment les autorités ont-elles pu autoriser une telle abomination? Le préfet, pincé, apparaît dans le reportage de la TSR pour admettre (peut être avec regret) qu’«il est difficile voire impossible d’empêcher une manifestation de ce genre». L’évêque fraîchement élu, Mgr Bernard Genoud, soupire. «Si tout le monde souhaite que les choses qu’il n’aime pas se passent ailleurs – où est-ce qu’on va avec ça?» L'affiche de la Pride de FribourgMais attention, les autorités se disent vigilantes à toute «atteinte aux traditions et aux valeurs du terroir» – comme si les homos des autres villes romandes avaient décidé d’envahir Fribourg par pure «provocation». Une idée que martèle Pierre Stempfel: «On a choisi Fribourg parce que c’est une ville catholique où on est le plus opposés à ces mœurs débridées», gémit-il.

Finalement, ces cris d’orfraie (et probablement aussi une météo radieuse) contribueront à assurer à la Pride 99 l’une des meilleures affluences pour une gay pride suisse, à ce jour: quelque 5’000 participants et 20’000 spectateurs. Aucune contre-manifestation à signaler, juste une bonne humeur communicative. Le lendemain, «Le Matin Dimanche» relèvera cette remarque amusée d’un homme dans le public: «C’est drôle, mais il y a quand même plus de monde pour la Gay Pride que pour la Fête-Dieu!»

» Pride 2013 Fribourg, le 22 juin 2013.

One thought on “Quand les cathos jumelaient Fribourg et Sodome

  1. A l’époque, ce petit ange a été bien surpris de se retrouver à la une du Matin dimanche. Un coming-out complet. S’il se souvient de moi, je le salue.
    Que la pride fribourgeoise 2013 soit aussi réussie que la dernière.

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