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Les règles de l’hard

Les règles de l’hard

Non loin de Genève, le Dogklub est l’un des nouveaux rendez-vous des adeptes et curieux venus de Romandie ou de Rhône-Alpes, voire d’un peu plus loin. Petite visite guidée des locaux.

«Beaucoup de journalistes cherchent à visiter le club, certains clandestinement, avec des appareils photo camouflés. Ils sont en quête de sensationnalisme, de quelque chose de sulfureux. Ils n’ont rien compris. Le sexe, c’est marrant, c’est un métier comme un autre». Bruno parle de tout librement, pour lui, raconter un fist fucking ou une partouze n’a rien de choquant. Il passe me prendre dans sa voiture jaune, juste à la frontière franco-suisse. Il a accepté d’ouvrir les porte de son club pour 360°, unique dans la région. Son caniche ne bouge pas d’une oreille dans la voiture. On commence par parler dressage. Bruno s’y connaît. Puis on arrive dans la zone industrielle d’Annemasse où se trouve le «Dogklub». Dogclub avec un «c» était déjà réservé par un club canin japonais. Alors Bruno et son associé ont choisi de l’écrire avec un «k», pour le petit côté germain, histoire de marquer leur différence et d’éviter les quiproquos.

«Voici P., mon esclave»
Une visite du sexe shop s’impose. Une combinaison de plongée pour fétichistes est pendue au mur. Elle coûte 600 Euros, une bagatelle quand on pense qu’elle en vaut 2000 neuve. «Il ne faut pas tout confondre, fétichisme, bondage, SM, ce n’est pas la même chose, explique Bruno. Un mec qui met cette combinaison, c’est pour sentir la matière sur sa peau. Eventuellement pour qu’on le touche, mais c’est tout. En fait, seuls cinq pour cent de mes clients viennent ici pour le SM». Dans le Dogklub, ça sent bon le savon. Un jeune homme passe la serpillière. Bruno fait les présentations. «Voici P., mon esclave». Devant mon air étonné, il explique: «Il est venu de son plein gré, à la recherche d’un maître dominateur. Il dort dans cette cage.». Mais P. envisage de trouver prochainement un autre maître, car il commence à se lasser. La cage ne l’excite plus et il est retourné dormir dans un lit. Nous laissons P. et pénétrons dans un dédale de petites cellules en bois où sont aménagés des interstices pour les voyeurs. Au mur, des pincettes et des cordes. Sept slings au total, une salle spécialement aménagée pour les plans uro (interdits en Suisse), une croix de Saint-André, des crémaillères. Enfin, un ring grandeur nature pour les combats à l’huile. «Le SM, c’est un rapport dominant dominé consentant, basé sur la douleur». On peut battre, fesser, mordre, envoyer des décharges électriques. Faire languir votre soumis reste la torture la plus cruelle. «Le SM nécessite une grande confiance entre les participants explique Bruno. Tout est question de timing. Quand arrêter. Pas trop tôt, ni trop tard. Ne pas abîmer le corps de façon irrémédiable. C’est un jeu. Un soumis aime recevoir des gifles? Je contrôle qu’il bande toujours, c’est bon signe».

Prévention
Le principe d’un club comme celui là et qu’on puisse vous mater. Ce qui assure aussi une bonne protection. «Beaucoup de gens acceptent des dominateurs chez eux, qu’ils ne connaisse pas, et ils se font dépouiller. Dans un club, la surveillance est tacitement assurée par les personnes qui vous entourent.». Bruno insiste sur la prévention, il évoque l’inconscience des gays qui pratiquent le barebacking. «Ils se disent: comme ça, je l’aurais, le sida, et puis je n’aurais plus besoin de me faire du soucis. Ils croient qu’on pourra les soigner dans dix ans, quand la médecine aura fait des progrès. Ils sont suicidaires». Puis il se livre à quelques confidences, raconte ses exploits. Il a suspendu et travaillé il y quelques jours dans une toile d’araignée en métal un jeune soumis gourmand. Il y a eu aussi ses quarante ans et la «performance» digne de Sade qu’il a organisée avec l’aide de potes dominateurs et d’une dizaine de soumis, en utilisant 40 bougies. Des grosses bougies, précise-t-il. Ou encore cette soirée ou les deux parties du club, homo et hétéro, se sont mélangée pour une mémorable partie de fist.
Il faut être très attentif et un peu artiste pour qu’une soirée soit réussie. Bruno choisi la musique. Du rock, ou du Vivaldi pourquoi pas. «L’hymne à la Vierge» pour la soirée fist. Le tout à la lumière des bougies, bien sûr.

Photo: Alexis Reynaud