Guillaume Bonnet, podcasteur de l’intime
Depuis 2021, le Français explore les sexualités gay et queer sous toutes leurs facettes. Rencontre avec une voix qui fédère quelque 10’000 auditeurs autour de ses multiples rendez-vous hebdomadaires.
Nos sexualités – particulièrement en tant que gay – semblent de plus en plus codifiées par les applis de rencontres et le porno. Elles nous enferment souvent dans un rôle prédéfini ou dans une injonction à la performance. La réalité révèle pourtant des parcours d’épanouissement plus sinueux et solitaires: naviguer ses désirs et ceux de son/ses partenaires, s’autoriser à les explorer sans tabou et surtout à les communiquer. C’est de cela que parle Guillaume Bonnet dans ses podcasts d’utilité publique Comment devenir (sexuellement) épanoui?.
Depuis 2021, le Parisien aujourd’hui âgé de 37 ans nous emmène hors des sentiers battus de l’intime. Pour explorer les sexualités dans tout leur spectre, avec plus de 130 épisodes, il privilégie les interviews d’hommes gay ou queer. «J’aime la puissance et la confidentialité d’un podcast pour raconter l’intime», confie-t-il. Exclusivité en couple, chemsex, BDSM, tantra… ces sujets (et bien d’autres) composent une mosaïque de témoignages directs et sincères que l’on dévore au fur et à mesure de leur parution. En chemin, Guillaume se raconte lui-même avec ses propres blocages, si bien qu’il devient un compagnon de voyage presque familier.
Construire une communauté
Sa voix captivante et chaleureuse pose un cadre bienveillant pour guider les invités sur leur parcours – parfois chaotique – d’épanouissement. Fort de ses 10’000 auditeurs, dont près de 900 en Suisse, Guillaume dit vouloir à présent «construire une communauté avec des rencontres et des enregistrements live» pour compléter les témoignages. Un petit groupe a commencé à se former à Genève, où Guillaume a vécu trois ans. «C’était au début de ma vie professionnelle, j’étais hypocondriaque et complètement bloqué sexuellement.»
Originaire d’une famille aisée, bien diplômé et lancé professionnellement au sein d’une ONG, il a pourtant choisi des chemins de traverse pour se consacrer à 100% à ses podcasts. Le fait de travailler en solitaire lui a parfois fait douter de l’impact véritable de ses contenus. Des doutes amplifiés par la difficulté à trouver un modèle économique pérenne. Prêt à arrêter l’aventure, «c’est un voyage à Berne qui a tout changé. J’ai rencontré par hasard des auditeurs qui m’ont convaincu que le podcast avait changé leur vie sexuelle pour le meilleur». Incrédule mais reboosté, Guillaume s’est alors remis en selle pour explorer de nouveaux thèmes, avec «une attention particulière sur la santé sexuelle».