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Santé lesbiennes: enfin des chiffres!

Santé lesbiennes: enfin des chiffres!

En 2012, une enquête sur la «santé des femmes qui aiment les femmes» a été menée en Suisse romande. Les résultats seront présentés au public dès septembre. Une grande première.

En plus de 80 questions, l’enquête réalisée par Santé Plurielle en 2012 a abordé presque tous les aspects de la santé: estime de soi, coming out, contrôles médicaux, consommations, cancers, pratiques sexuelles, et aussi identité de genre: «C’était très important pour nous que l’enquête concerne toutes les femmes quelle que soit leur identité de genre ou leur manière de se définir par rapport à leur orientation sexuelle», précise Sylvie Berrut, statisticienne ayant participé à la réalisation de l’enquête et à l’analyse des résultats et coordinatrice du projet.

Grâce à une diffusion active via les milieux associatifs LGBTIQ et les réseaux féministes et sanitaires, l’enquête rencontre le succès: plus de 350 réponses valides et un panel de questionnées de 15 à 70 ans passés. De quoi permettre un vrai regard sur la santé des FSF (femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes) aujourd’hui en Suisse romande.

Quelques résultats
81% des répondantes ont décrit leur état de santé comme bon ou très bon, ce qui est légèrement plus bas que la moyenne des femmes en Suisse. Contrairement à ce qui a été observé dans d’autres pays, les lesbiennes et bies de Suisse romande ne semblent pas être plus souvent en surpoids que les autres.

Inquiétante, la proportion de FSF ayant fait au moins une tentative de suicide: 13% chez les personnes ayant répondu à l’enquête. De plus, la majorité des répondantes ont ressenti leur attirance pour les femmes pour la première fois entre 14 et 16 ans et c’est aussi dans cette tranche d’âge que se situe le pic des premières tentatives de suicide. «Il est important, quand il s’agit de santé mentale et d’orientation sexuelle à l’adolescence, de ne pas oublier les femmes.», note Anne Descuves, cheffe de service de la consultation de santé sexuelle à PROFA, «Ces résultats pourraient le rappeler aux professionnel-le-s en contact avec des jeunes.» Les taux de cancer du sein, de consommation de tabac et d’alcool ou l’indicateur de santé mentale diffèrent aussi des moyennes suisses, soulignant le besoin d’une prévention ciblée et active auprès des FSF.

Les résultats détaillés, analysés par Mmes Descuves et Berrut, seront présentés dès le 6 Septembre dans toute la Suisse Romande. L’occasion aussi de rencontrer des intervenants qui prennent part à la santé de la population FSF et de créer des moments d’échange. Les présentations sont ouvertes à tous: associations, professionnel-le-s de la santé, du social, de l’éducation ou personnes simplement intéressées par la thématique.

Un outil pour l’avenir
«On veut que le plus de gens possible aient accès aux résultats de l’enquête et qu’ils soient utiles!», rappelle Sylvie Berrut. Le spectre des questions de l’enquête étant très large, il y a fort à parier que ses résultats serviront à plus d’un projet.

Au sein de PROFA, par exemple, on parle déjà de rédiger un «guide du bon accueil» distribué à tous les collaborateurs (réceptionnistes, secrétaires, personnel de santé,…) pour prendre les bons réflexes et ne pas omettre les diversités d’orientation sexuelle et d’identité de genre. Une enquête ayant mis en relief que la santé des femmes lesbiennes et bies dépendait directement de la qualité de l’offre, il est donc important que les structures de santé adaptent leur accueil et soient sensibilisées à cette population.

«Des chiffres qui aideront aussi à asseoir des demandes politiques », souligne Sylvie Berrut. Par exemple, pour étayer la demande d’inclure la question de l’orientation sexuelle dans l’Enquête Suisse sur la Santé réalisée par l’OFS. «Souvent, lors de demande spécifique, Santé PluriELLE comme d’autres se retrouvait confrontée à la réponse «Il n’y a pas de chiffres, rien ne prouve que la population FSF aient des besoins spécifiques.» Et pourtant!

Naissance d’une enquête

L’idée d’une enquête sur la santé des lesbiennes et bies, cis ou transgenres flottait dans l’air depuis longtemps. Mais une réalisation d’une telle ampleur demande l’union des forces et c’est d’une rencontre que cette enquête a vu le jour.

Au sein de la Fondation PROFA, un processus de questionnement sur l’accueil et les problématiques des FSF s’était engagé. Lorsqu’Anne Descuves réalise un master en Santé et soins communautaire, elle pense donc à traiter de cette problématique: «A l’époque, le CheckPoint ouvrait dans le canton de Vaud et il était clairement mentionné qu’il ne s’adressait qu’aux hommes et aux trans. On se demandait donc où étaient les FSF et quels pouvaient être leurs besoins.» Plusieurs rencontres ont lieu avec des associations: Les Klamydia’s, Lestime, Vogay, Lilith et Santé PluriELLE (LOS), des séances autour des besoins et des spécificités des FSF en matière de santé qui aboutirent à la rédaction du questionnaire.

Voilà donc la Suisse enfin munie de ses propres statistiques concernant la santé des FSF. De quoi donner des impulsions tant dans les milieux politique, médical qu’associatif!

» Tout l’agenda des présentations des résultats de l’enquête sur www.sante-plurielle.ch
» Suite de l’article: Santé nouvelle vague