Exploration sensuelle: j’ai testé la Liquid Love
Notre correspondante à Berlin, Annabelle Georgen, a testé pour nous un atelier de Liquid Love, une expérience sensorielle et sororale où les corps se mêlent dans une danse d’huile et de caresses. Entre sensualité, douceur et exploration du toucher, elle nous raconte cette immersion au cœur de la scène sex-positive lesbienne. Une pratique qui traverse les frontières et arrive aussi en Suisse et pour touxtes… On vous en dit plus à la fin du récit!
Nous sommes assises en cercle. Entièrement nues. Sous nos fesses, une bâche de protection qui recouvre tout le sol de la petite pièce dans laquelle nous sommes réunies. Avec nous, Laura Méritt, docteure ès plaisir féminin, la soixantaine, pionnière de la scène sex-positive lesbienne berlinoise. Ses ateliers d’éjaculation féminine sont légendaires, de même que les sex-parties lesbiennes qu’elle accueille dans son salon quelques fois par an. Elle nous invite dans un sourire à ne pas être pudiques: «regardez-vous les unes les autres, admirez chacune d’entre vous dans toute sa beauté et toute sa différence».
Cet atelier intitulé «Gruppengenuss» (plaisir en groupe) est une séance de Liquid Love: un atelier d’exploration du toucher issu de la culture sex-positive, lors duquel les participant·e·x·s s’enveloppent d’huile et se caressent les un·e·x·s les autres. Laura Méritt nous invite à garder les yeux fermés si possible, pour plus de sensations fortes.
Chaque participante forme un creux avec ses mains et reçoit une dose d’huile de tournesol. Pas d’huile de relaxation bio compliquée aux fleurs des montagnes himalayennes, non, une simple huile de friture du supermarché du coin. C’est drôle.
Ce samedi-là, nous sommes une vingtaine de lesbiennes de tous âges, de 20 à 80 ans, aux corps très différents. Une fois enduites d’huile, nous nous rapprochons lentement les unes des autres et commençons à nous caresser mutuellement. Peau contre peau. Ma main glisse sur une épaule, sur la courbe d’une hanche, pendant qu’une autre main va et vient sur mon dos. C’est incroyablement tendre, sensuel, langoureux, et dans le même temps, étrangement asexué et sororal.
Après une heure de caresses collectives, j’ai l’impression d’avoir touché tous les corps lesbiens présents dans cette pièce, tandis que des dizaines de mains inconnues ont glissé sur mon corps de la tête aux pieds. Nous sommes devenues une masse de lesbiennes riante et haletante. Nos corps sont serrés, enlacés, imbriqués les uns dans les autres. C’est un moment de plénitude, d’ivresse. On quitte les lieux enroulées dans des serviettes de bain, dans le même état qu’on quitterait un sauna, une séance de gym ou un lit après un bon coup: légères, profondément détendues.
Au-delà du plaisir sensoriel et sensuel de la Liquid Love, il y avait quelque chose d’émouvant – et de voluptueux, à ma surprise – à caresser des corps nus très différents de ceux avec lesquels je suis en contact habituellement (en d’autres termes: pour lesquels je n’éprouvais pas d’attraction physique). Une expérience qui change la vie.
