Sex Party dans les isoloirs
Une formation défendant la liberté sexuelle joue les trouble-fête dans la politique australienne. Elle a décroché 2% des suffrages, en capitalisant notamment sur la frustration de nombreux gays et lesbiennes.
«Sex party»? Jusqu’ici, le terme désignait plutôt des réunions festives où le lubrifiant coule à flot. Sachez-le, en Australie, il s’agit aussi d’une formation politique tout à fait sérieuse. Car l’Australian Sex Party (ASP) s’est plutôt bien tirée des dernières élections fédérales, qui se sont déroulées le 21 août. Il est même arrivé au coude-à-coude avec Family First, un mouvement ultraconservateur, en récoltant 2% des suffrages au niveau national, et 4 à 5% dans certains Etats. Assez pour convoiter un siège au Sénat.
L’ASP a été créé en novembre 2008 par Fiona Patten, une jeune femme venue des rangs du National Party, un mouvement défendant les intérêts des agriculteurs et des communautés rurales. Devenue présidente de l’Eros Association, l’organisation des tenanciers de sex shops du pays, Patten a lancé l’idée de faire de ces commerces autant de permanences politiques.
Puritanisme
Doté d’une large plate-forme comprenant les questions d’égalité, d’avortement, d’euthanasie ou de droit du travail, le Sex Party propose de «rétablir le droit à une vie sexuelle privée mis à mal par le puritanisme des politiciens». Parmi ses chevaux de bataille, la lutte contre la censure de l’internet (prônée par un ministre du gouvernement sortant), la classifications des jeux vidéo, le remboursement du Viagra par la sécurité sociale ou la création d’un programme national d’éducation sexuelle pour lutter contre la «sexualisation des enfants».
Le parti de Fiona Patten surfe également sur le mécontentement d’une large part de l’électorat gay et lesbien, alors que les deux principaux partis du pays – les Libéraux et les Travaillistes – rechignent à ouvrir le mariage aux couples de même sexe. Une réforme à laquelle une majorité des Australiens serait, si l’on en croit les sondages, plutôt favorables.