Italie: une agression rappelle l’urgence de légiférer contre la haine
La vidéo d'un incident homophobe dans le métro de Rome provoque une large indignation, alors que la loi Zan est toujours en attente.
Des images brutales d’une agression dans le métro de Rome a remis la question de l’homophobie au sommet des conversations politiques, depuis ce week-end en Italie. Les faits remontent au 26 février, mais ce n’est que dernièrement que la vidéo a émergé sur les réseaux sociaux.
On y voit un individu franchir les voies depuis le quai opposé de la station Valle Aurelia, puis attaquer un jeune homme, apparemment parce qu’il venait d’embrasser son compagnon. «Vous n’avez pas honte de faire ça en public?» leur crie l’assaillant, en attaquant à coups de pied et de poing le garçon, qui tente d’esquiver.
La victime, un réfugié nicaraguayen de 23 ans, s’est dit encore très choqué par l’incident, selon ses propos cités par Gay.it. «Chaque fois que je quitte la maison et que je vois quelqu’un qui ressemble à mon agresseur, j’ai peur que ce soit lui. Il est devenu un fantôme, surtout parce qu’on ne l’a pas encore été retrouvé.»
Questo video racconta il nostro Paese.
Pochi secondi di attenzione.
Jean Pierre, rifugiato e socio di GayNet #Roma, aggredito alla stazione di Valle Aurelia per aver baciato il suo compagno.
“Non vi vergognate?" e giù pugni.La Caccia All'Omo continua.#lgbt #omofobia #leggezan pic.twitter.com/3THsqFS0LR
— Simone Alliva (@SimoneAlliva) March 20, 2021
Des politiciens ont été nombreux à réagir, à commencer par la maire de Rome, Virginia Raggi: «Des épisodes comme celui-ci représentent une insulte intolérable à toute notre communauté», a-t-elle tweeté. Plus surprenant: Giorgia Meloni, la figure qui monte au sein de l’extrême droite transalpine, a elle aussi condamné une attaque selon elle «indigne d’un pays civilisé».
Hypocrisie
Meloni a aussitôt été accusée d’hypocrisie. Son parti, Fratelli d’Italia, est un des plus virulents contre la très attendue loi contre l’homophobie, que la droite et l’Église qualifient de «liberticide». Ce texte du député Alessandro Zan, adopté l’an dernier à la Chambre mais pas encore au Sénat, doit punir plus sévèrement les actes et discours de haine motivés par l’homophobie, la transphobie, la misogynie et le validisme, et apporter un soutien concret aux victimes.