En Pologne, comme un parfum de répression
[Mise à jour] Quatre militant·e·s queer ont été arrêté·e·s et l'une d'elles envoyée en préventive cette semaine à Varsovie après des actions de rue. Des échauffourées ont éclaté vendredi, donnant lieu à 50 interpellations supplémentaires dans les rangs LGBTQ+.
La police de Varsovie avait annoncé mercredi avoir arrêté deux femmes et un homme pour «profanation de monuments» après que plusieurs statues emblématiques ont été affublées d’un drapeau arc-en-ciel et d’un bandana frappé du sigle anarchiste, dans la nuit du 28 au 29 juillet. Parmi elles, celle de Copernic ou de la Sirène de Varsovie, mais surtout celle du christ de l’église Sainte Croix. Les images de cette dernière action avaient suscité une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux.
Selon la police, deux personnes ont été inculpées pour avoir «offensé les sentiments religieux» du public, délit passible de 2 ans de prison. En 2019, la militante LGBT Elżbieta Podleśna avait été arrêtée et inculpée pour les mêmes motifs. Elle avait réalisé des reproductions de la célèbre icône de la Vierge noire de Czestochowa, avec une auréole arc-en-ciel. Elle attend toujours son procès.
L’action de la semaine dernière avait été revendiquée dans des tracts affichés sur place, et visibles sur la page Facebook du collectif Stop Bzdurom (Stop Absurdité). Ils dénonçaient l’homophobie ambiante en Pologne: «Tant que j’ai peur de vous tenir la main. Tant qu’il y aura encore des camionnettes avec des slogans homophobes dans la rue», allusion au «camion de la haine» muni des hauts-parleurs qui déversent de la propagande anti-LGBTQ+ dans les rues de Varsovie.
Quatrième arrestation
La situation s’est tendue avec l’annonce de l’arrestation imminente d’une quatrième militante du groupe Stop Absurdité, vendredi après-midi à Varsovie, rapportent Franceinfo et l’AFP. Désignée sous le nom de Margot, cette femme trans* aurait sprayé le fameux «camion de la haine» et bousculé une activiste anti-avortement, en juin. Pour ces faits, un tribunal a prononcé contre elle 2 mois de détention préventive. Une mesure de sécurité publique dévoyée à des fins de «répression», a dénoncé la militante.
Mobilisés via les réseaux sociaux, une centaine de personnes ont accouru sur place. Margot se serait alors livrée à la police. Mais celle-ci a, dans un premier temps, refusé de l’interpeller. Le rassemblement a grossi considérablement et s’est déplacé. Des échauffourées ont éclaté quand les agents ont finalement tenté d’embarquer la militante.
«Stonewall polonais»
Samedi matin, KPH rapportait plus de 50 arrestations parmi les manifestant·e·s et soulignait l’attitude provocatrice de la police. «Les émeutes d’hier sont le résultats de deux ans de campagnes contre les personnes LGBT en Pologne, écrit l’organisation dans un communiqué. C’est le résultat de l’homophobie éhontée des autorités, qui n’hésitent pas à utiliser tous les moyens de violence pour nous intimider. Nous avons subi des abus sans précédent et des moyens de coercition disproportionnés de la part de la police. Nous sommes la cible d’une escalade continue de violence.»