Une mort violente toutes les 26 heures parmi les LGBTQ+ brésiliens
Au moins 329 gays, trans*, lesbiennes et bi ont péri l'an dernier au Brésil: un chiffre en baisse, attribuée à la vigilance de la communauté dans un climat d'homophobie et de transphobie plus intense que jamais.
Comme chaque année depuis 1981, le Grupo Gay da Bahia (GGB) a présenté jeudi son rapport annuel sur les morts violentes de personnes LGBTQ+ au Brésil. Pour 2019, il fait état de 329 cas, soit un toutes les 26 heures. Aux 297 homicides relevés l’an dernier, l’association pionnière dans la dénonciation des violences homophobes et transphobes ajoute 32 suicides, principalement provoqués par le rejet et le harcèlement.
Dans le détail, ce sont 174 gays, 118 trans* (comprenant la catégorie des travestis, personnes transgenres souvent marginalisées), 32 lesbiennes et 5 bisexuel·le·s qui ont péri à travers le Brésil.
«En termes relatifs, les personnes trans représentent la catégorie la plus vulnérable. Ce total de 118 morts, à rapporter à quelque 1 million de travestis et transsexuel·le·s qui vivent dans dans notre pays, signifie qu’une personne trans est 17 fois plus exposée au risque d’être assassinée qu’un homme gay», souligne le rapport cité par le site du quotidien «O Globo». Souvent travailleuses du sexe, elles sont plus nombreuses à succomber à des agressions de rue.
Prudence accrue?
Le rapport fait toutefois état d’une nette baisse par rapport aux années records 2017 et 2018 (respectivement 445 et 420 morts) après deux décennies de hausse «incontrôlable», commente l’anthropologue Luiz Mott, à l’initiative de ces statistiques. Le cofondateur du GGB qualifie cette tendance de «surprenante» dans le contexte de l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, le 1er janvier 2019, et de la libération de la parole homophobe et transphobe. Il émet l’hypothèse que «cela pousse la population LGBT à faire preuve de davantage de prudence, et à éviter les situation de risque d’être la prochaine victime».
Les chiffres annuels du GGB sont basés non sur des statistiques officielles, mais sur des informations parues dans les médias nationaux et régionaux, ainsi que dans «d’autres moyens de communication». Une méthodologie qui rend difficiles les recoupements et le suivi des cas. Le Groupe estime que ces données sous-évaluent l’ampleur du phénomène de violence visant les communautés LGBTQ+ dans le pays.