L’extrême droite espagnole coupe le sifflet à son drôle de lobby LGBT
Vox a fait taire un mystérieux groupe gay au sein de la formation politique. Même si celui-ci défendait avec zèle le programme ultraréactionnaire du parti de Santiago Abascal.
Longtemps marginal, il a déboulé sur la scène politique espagnole cette année, mettant fin à quarante ans de marginalisation de l’extrême droite en Espagne. Fort de sa spectaculaire percée aux récentes élections andalouses, le parti Vox affirme son nationalisme, son opposition à l’immigration, mais aussi son hostilité aux conquêtes féministes et LGBT de ces dernières décennies. Aussi la twittosphère a-t-elle été quelque peu surprise de voir apparaître sur le web un compte «VOX_LGTB», qui se revendiquait comme la voix d’une «association de votants et de sympathisants», rapporte El Diario. Créé en août, mais actif seulement depuis dimanche, le compte s’est presque immédiatement attiré les foudres de la direction du parti, qui a demandé à Twitter de supprimer le profil «qui utilise son logo sans autorisation»: «Chez Vox, nous ne croyons pas en les lobbies internes.»
VOX_LGTB a disparu quelques heures plus tard, accréditant l’idée que son ou ses auteurs étaient effectivement membres du parti. De fait, ses messages semblaient très en phase avec l’orientation antigay de Vox. Dans la salve de messages envoyés, on trouvait une dénonciation des gay prides qui «font honte à de nombreux gays» ou un appel à l’abrogation du mariage pour tous, en vigueur depuis 2005 en Espagne, au profit d’une «nouvelle institution qui générerait plus de consensus». «Espagnols avant d’être gays. Ce que nous faisons dans notre chambre à coucher est notre affaire», proclamait la soi-disant «association de sympathisants».
Pas une priorité
Le parti Vox, auquel les analystes prédisent un bel avenir au cours de l’année électorale qui vient, a repris à son compte bon nombre de revendications de la droite dure du Parti populaire en matière sociétale. Au chapitre LGBT, il propose de démanteler toutes les dispositions antidiscrimination, d’exclure des lois de santé les soins destinés aux personnes trans, de supprimer les aides publiques aux associations LGBT ou encore de priver de reconnaissance les familles arc-en-ciel. Mais sur ces sujets, le leader de Vox, Santiago Abascal, s’est gardé de toute déclaration incendiaire pour l’instant, réservant ses attaques les plus violentes à ses thèmes de prédilection, à savoir la politique migratoire et les indépendantistes qui menacent l’unité du royaume.