Avant Orlando
La tuerie du Pulse n’était malheureusement pas une première. Néonazis, fondamentalistes et désaxés de toutes chapelles ont déjà frappé les bars et clubs gay.
Omar Mateen, l’assassin de 49 noctambules qui dansaient au Pulse, dans la nuit du 11 au 12 juin, était-il un pion de Daech? Un loup solitaire? Un homo refoulé? Un regard dans le passé permet de se rendre compte que son geste meurtrier était peut-être une synthèse de toutes les attaques armées qui ont déjà visé les lieux festifs LGBT. Et leur histoire est hélas déjà longue.
En 1973, le Upstairs de la Nouvelle-Orléans avait été pris pour cible, un bar qui célébrait ce soir-là la toute nouvelle «pride» homosexuelle. Trente-deux personnes avaient perdu la vie. Quant aux incendiaires, ils n’ont jamais été formellement identifiés. Un des habitués de l’établissement a été soupçonné, mais jamais inculpé.

Rancoeur
Des motifs intimes semblent aussi avoir été décisifs dans la fusillade qui a endeuillé Roanoke en 2000. Un individu avait mitraillé les clients du bar gay de cette petite ville de Virginie, en s’en prenant d’abord à un couple d’hommes qui s’étreignaient. Bilan: un mort et six blessés. Il s’est avéré que l’assaillant, un vétéran du Vietnam à la dérive, nourrissait une étrange rancœur contre les homos: son propre nom, Ronald Gay, l’avait exposé toute sa vie à des moqueries.

Non élucidé

Des établissements de nuit LGBT sont aussi souvent le théâtre d’attaques meurtrières au Mexique. Le dernier en date remonte à trois semaines avant Orlando, dans la ville de Xalapa. Un règlement de comptes entre narcos, selon la police. Une version qui ne convainc qu’à moitié la communauté gay locale.
Toutes ces attaques avaient un élément commun: frapper des oasis de sécurité et de liberté pour des communautés discriminées. Au moins les 49 victimes d’Orlando auront-elles eu droit aux prières des leaders des religions et des Etats du monde entier. En 1973, celles de la Nouvelle-Orléans avaient été discriminées au-delà de la mort: les Eglises avaient refusé de les enterrer. De nombreuses familles, découvrant ainsi l’homosexualité d’un de leurs proches, n’avaient pas réclamé leur dépouille. C’est aussi le cas d’une victime du Pulse.
L’homophobie exprimée à Orlando est tristement traditionnelle. Ce qui est exceptionnel, c’est le regard qu’on a posé dessus. Ce regard témoignera dans l’histoire que nous avons ressenti la nécessité de ne plus l’accepter.