Fribourg

La Queerness

sam 3 mai, 22:00
Lausanne

Balade queer à Lausanne

ven 20 juin, 17:30
Genève
#Atelier

Workshop drag des Queerasses

sam 19 avril - dim 20 avril
Lausanne

Burlesque Extravaganza X

ven 25 avril, 20:00

Face à la montée du néofascisme, cultivons nos colères

Face à la montée du néofascisme, cultivons nos colères
Arnaud Valois dans 120 battements Par Minute ©Salzgeber & Co. Medien GmbH

L'histoire de notre communauté est écrite dans la lutte, de Stonewall à ACT UP, face à l'oppression, la colère monte et la résistance s'organise. Aujourd'hui, face au néofascisme ambiant, cultiver nos colères devient essentiel pour transformer cette énergie en une lutte organisée, capable d'engendrer le changement et de résister collectivement.

L’arrivée de Trump à la Maison Blanche a marqué un tournant symbolique et a déclenché une vague de sidération et de désespoir que l’on pourrait transformer en saine colère

De la stupeur à la colère mobilisatrice

«La colère, chez les nuisibles, prend la forme de l’indignation: une représentation empreinte de certitude morale. L’indignation est une impuissance, elle s’exprime en mots qui condamnent. Si vous occupez la bonne place, cette indignation produira des effets: vous réussirez à faire taire les voix des existences qui vous indignent. La colère peut aussi être une puissance, je parlerais alors plutôt de rage. C’est un tout autre devenir: une énergie s’empare de vous pour comprendre les problèmes qui vous saisissent, elle vous met en mouvement pour œuvrer dans le monde et résoudre les problèmes intolérables rencontrés. La colère comme puissance cherche toujours à recomposer les relations, elle ne peut donc pas se retourner contre soi-même.» écrit le philosophe Sébastien Charbonnier commentant les travaux de la poète et philosophe queer Audrey Lorde.

Les nuisibles et leurs discours d’exclusion

Aujourd’hui, les « nuisibles », c’est Trump, c’est Musk, c’est Orbán, c’est Meloni. Ce sont toutes ces voix, animées de ressentiment, qui sèment des paniques morales aussi bien pour acquérir un public – celui de l’extrême droite, mais aussi d’un ventre mou de l’électorat sensible aux sirènes du néo-fascisme – que pour fracturer les démocraties. Leur but de plus en plus avoué ? Invisibiliser jusqu’à les faire disparaître des minorités qu’elles jugent « déviantes », autrement dit les personnes trans et les autres queers, les fols et les handi, les personnes racisées et les femmes, du moins celles qui ne se comportent pas comme des trad wives.

Entre peur, désespoir et espoir collectif

Face à cela, la peur et la stupeur. Et nous scrollons, anxieux·se·x·s et terrifié·e·x, sur nos flux d’actualité, déroulant le fil des déclarations et des actions nauséabondes jusqu’à la nausée et à la tristesse mêlées d’un sentiment d’impuissance. Comment renverser la tendance ? « La colère serait déjà une victoire, un moyen de passer outre la sidération et le désarroi. Elle donne de l’espoir » commente Sébastien Chauvin, sociologue et directeur du Centre en études de genre à l’université de Lausanne.

Catalyseurs historiques

Cette colère, nous l’avons dans notre ADN, c’est Stone Wall, c’est Act Up, c’est #MeToo ou #BlackLivesMatter. C’est une colère collective capable de fédérer au-delà de son cercle initial et de trouver des allié·es. Collective, elle nous dit aussi que nous sommes ensemble, nous rassure et nous exalte. «Elle nous dit ‘we have each other’ pour reprendre les termes de Naomi Klein» commente le sociologue.

Construire ensemble un avenir de résistance

Aujourd’hui, à tout le moins en Suisse, notre colère collective peut faire bouger les lignes car, comme le remarque le sociologue, «contrairement aux États-Unis où il n’y a quasiment plus personne en face, nous avons encore des interlocuteur·ice·x·s capables de réagir à nos revendications.» De fait, si l’UDC reste majoritaire, d’autres, politiques et médias, entendent et peuvent servir de caisse de résonance à une colère canalisée et audible.

Acceptons notre colère, cultivons-là avec le soin que nous mettrions à faire pousser une orchidée, partageons-là et faisons-la entendre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *