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Peut-on être lesbienne et homophobe?

Le tabassage présumé d'un homme gay par trois lesbiennes relance le débat sur la notion controversée de «crimes de haine» aux Etats-Unis.

L’incident est d’une banalité déconcertante, et pourtant, il alimente des discussions enflammées aux Etats-Unis depuis une semaine. Dimanche dernier, dans les couloirs du métro de Boston, un homme bouscule trois jeunes femmes dans les escaliers roulants. Les noms d’oiseau fusent, avant que n’éclate une bagarre. L’homme finit sur le carreau, avec des ecchymoses et un nez cassé. Les trois femmes, deux sœurs de 21 ans et une amie de 18 ans, sont arrêtées peu après. Dans sa plainte à la police, la victime – un gay – affirme avoir été la cible d’insultes homophobes, de quoi qualifier l’agression de «hate crime», crime de haine. Les trois jeunes femmes, noires, répliquent que c’est l’homme qui a commencé en leur adressant des injures racistes. En outre, elles réfutent tout préjugé à l’égard des gays dans la mesure où elles disent être toutes trois homosexuelles, raconte The Atlantic.

Dès lors, c’est à cette question épineuse que devra répondre la justice: Peut-on être lesbienne et homophobe? Sarah Wunsch, de l’American Civil Liberties Union, en est persuadée: «Le simple fait que quelqu’un appartienne à la même classe ne signifie pas qu’il ne soit pas pas motivé par la haine de son propre groupe.» Pour la défense, en revanche, le cas est une «démonstration de l’idiotie de la législation sur les crimes de haine. Si vous tabassez quelqu’un, vous êtes coupable d’agression. Point final. L’idée de mettre les êtres humains dans des catégories est vouée à l’échec», estime Harvey Silverglate.

Circonstance aggravante
Retenue par les tribunaux, la qualification de crime de haine peut entraîner un alourdissement de la peine. Pour les minorités sexuelles, elle a été introduite dans l’arsenal pénal fédéral en 2009, dans le cadre du «Matthew Shepard Bill». Le texte divise la communauté LGBT. Certains mouvements queer lui reprochent notamment de ne pas prendre en compte les logiques d’oppression et le statut social des minorités concernées, aboutissant à de nouvelles formes de discrimination. L’affaire de Boston, avec des jeunes lesbiennes noires issues de milieux défavorisés opposées à un gay blanc, en serait une parfaite illustration. En attendant, les trois suspectes ont été relâchées contre une caution modeste. Selon leur avocat, c’est le signe que leur dossier d’inculpation est est «faible», note le site LGBT Towleroad.