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À la recherche de la Belle de Gaza

À la recherche de la Belle de Gaza
La Belle de Gaza, Sister Distribution

En allant à la rencontre de cinq femmes trans d'origine palestinienne à Tel-Aviv, la réalisatrice Yolande Zauberman évoque une grande marche symbolique vers la liberté. Un documentaire passionnant, dont la sortie en pleine guerre prend une résonance singulière.

Avec Would You Have Sex With an Arab? (2011), Yolande Zauberman explorait la dissymétrie du désir entre Israéliens et Palestiniens Avec M (2018), immersion choc dans le milieu juif ultra-orthodoxe, la réalisatrice française suivait Menahem, un trentenaire qui avait été violé, enfant, par des membres de la secte extrémiste Neturei Karta, dont il était ensuite sorti. De retour, la cinéaste clôt sa Trilogie nocturne avec La Belle de Gaza. Elle s’intéresse, cette fois, à d’autres exclues de la société, en opérant une plongée fascinante dans le monde méconnu des femmes trans d’origine palestinienne à Tel-Aviv. Une ville où, dira l’une d’elles, on peut être ce qu’on veut, vivre comme on veut, aimer comme on veut et qui on veut.

Dans ce nouveau documentaire éclairant, édifiant et achevé, il est important de le souligner, avant la tragédie du 7 octobre, Yolande Zauberman part sur les traces de celle qu’elle appelle «la Belle de Gaza». Aperçue lors du tournage de M elle aurait quitté garçon l’enclave palestinienne à pied dans le but d’aller achever sa transition dans la capitale israélienne.

Pour la trouver, la cinéaste sillonne la rue Ha-Tnufa, située dans un quartier populaire. Elle y rencontre cinq femmes, dont certaines se prostituent. Discutant avec elles, prétexte à une série de portraits croisés émouvants, authentiques, elle leur montre des images de la fameuse «Belle». Vont-elles la reconnaître? Serait-ce Nathalie, qui cache son visage derrière un voile à résille pailleté, par peur d’être reconnue? Peut-être… Elle est surtout heureuse d’avoir réalisé son rêve et aimerait retourner chez ses frères. «Mais ils me tueraient.»

Des enfances marquées par la violence

Alors, légende urbaine ou réalité que cette Belle de Gaza et son chemin parcouru? Peu importe. Il s’agit davantage d’une grande marche symbolique vers la liberté de genre. L’essentiel, c’est d’explorer et de raconter le quotidien de ces personnages attachants, parfois victimes d’expéditions punitives. Comme le relève une musulmane bédouine qui se dit soldate de Dieu, «J’ai découvert le côté sombre de l’humanité et la façon dont les hommes maltraitent les femmes». Toutes racontent par ailleurs une enfance de garçon marquée par la violence, les humiliations, les interdits religieux et sociaux.

Au plus près de ses protagonistes, dont elle préserve la dignité, Yolande Zauberman tient aussi à nous guider vers la lumière, en s’attardant sur la magnifique et solaire Talleen Abu Hanna, chanteuse et actrice très connue issue de la minorité palestinienne, sacrée Miss Trans Israël en 2016. Une première. Elle a même retrouvé sa famille et vit près de ses parents. Pour Yolande Zauberman, qui nous livre un film passionnant, humaniste, en forme de lettre d’amour pour ses héroïnes, «la Belle de Gaza» évoque avant tout la possibilité de devenir ce qu’on est, d’où que l’on vienne et quoi que l’on croie.

La Belle de Gaza, de Yolande Zauberman (France 2024, 1h16). Dès le 5 juin dans les salles romandes. Séances spéciales le 4 juin (avant-première, 20h30) aux Cinémas du Grütli à Genève et le 5 juin aux cinémas Apollo de Neuchâtel (18h15) en présence de la réalisatrice; projection le 7 juin aux Cinémas du Grütli de Genève (18h30) avec l’association Épicène.