La sélection livres queer de novembre
Chaque mois, Payot Libraire nous propose une sélection littéraire queer. Au programme pour ce numéro, cinq coups de cœur à dévorer en novembre.
BD
Toutes les princesses meurent après minuit, Quentin Zuttion, Le Lombard
31 août 1997: la mort de Lady Di est sur tous les écrans de télévision, sur toutes les chaînes de radio. Une journée gravée dans les mémoires, que cet album propose de (re)vivre à travers une famille de quatre personnes. Tout d’abord le père, qui s’ennuie dans cette routine familiale et essaie de s’enfuir. Puis vient la mère, prête à tout pour offrir à sa fille et à son fils encore quelques heures d’innocence. Or l’aînée, Cam, cache son nouveau petit copain, tandis que le cadet, Lulu, 8 ans, rêve d’être une princesse sauvée par son beau voisin et ami… Tous ces désirs et ce tumulte d’émotions sont mis en image dans de magnifiques couleurs pastel par Quentin Zuttion, déjà connu pour d’autres BD immanquables comme Appelez-moi Nathan ou La dame Blanche. L’amour sur le long terme, la pression sociale, le premier émoi gai, la famille, tant de sujets difficiles à aborder, mais que l’auteur maîtrise avec douceur et bienveillance. Une réussite, graphique et humaine. (J.G.)
Lexique
The Queens’ English, Chloe O. Davis, Random House
Voici un dictionnaire très complet, coloré et inclusif, sur le vocabulaire anglais utilisé par les personnes queer depuis des décennies. Les différentes représentations de genres et de sexualités sont accompagnées par leurs drapeaux, les expressions par leurs origines et les termes par leurs contextes. Glissées entre les définitions, des doubles pages d’infographies présentent des informations d’histoire, de politique ou de culture LGBTIQ+. Vous y apprendrez autant sur des sujets «légers» (comme la différence entre une otarie et un ours chez les hommes gais!) que sur des thématiques plus sérieuses, par exemple l’histoire de la crise du sida des années 1980. Chloe O. Davis, une femme noire et bisexuelle, prends un soin particulier à présenter un ouvrage intersectionnel qui n’oublie personne: même s’il concerne avant tout la culture LGBTIQ+, les luttes féministes et anti-racistes ne sont pas en reste. C’est finalement un dictionnaire décomplexé et fun, qui se lit aussi bien par curiosité que pour trouver la signification d’un mot, comme n’importe quel ouvrage de la sorte. Et vous saurez enfin ce que veulent dire «demisexuel», «stone butch» et «AFAB»! NB: Ouvrage en anglais. (A.S.)
Roman
Jewish Cock, Katharina Volckmer, Grasset
Jewish Cock, un titre choc et quelque peu provocateur pour un récit… qui l’est tout autant! Installée chez son gynécologue, une jeune femme d’une trentaine d’années se livre à un monologue sur son existence. Portée par une franchise absolue, elle évoque successivement ses fantasmes les plus divers, son penchant pour les sex-toys, sa sexualité plus ou moins satisfaisante et l’histoire de sa famille bouleversée par la Shoah. Avec ce récit semble-t-il fortement teinté d’éléments autobiographiques, Katharina Volckmer entraîne son lecteur dans un tourbillon d’émotions et de questions. Des interrogations auxquelles elle nous laisse le soin de trouver des réponses. Diablement impertinent, terriblement drôle et d’une grande intelligence, ce premier roman s’avère donc être une franche réussite ! (M.V.)
Essai
Vivre fluide, Mathilde Ramadier, Éditions du Faubourg
Dans ce livre écrit à la première personne, l’autrice se penche sur la bisexualité féminine, dont la sienne, qu’elle soit actée ou simplement fantasmée. Texte essentiel et salvateur, Vivre fluide propose de s’affranchir d’une hétérosexualité normée pour évoluer vers une plus grande liberté. Un florilège de témoignages et de recherches qui démontrent qu’il n’y a aucune règle et aucun âge pour se découvrir réellement. (F.F.)
BD jeunesse
The Magic Fish, Trung Le Nguyen, Ankama
L’histoire d’une maman et de son petit garçon se superposent et s’entremêlent, avec pour thématique principale la perte et les douleurs qui y sont liées. Pour elle, le traumatisme d’avoir tout abandonné en laissant sa famille au Vietnam pour se mettre en quête d’une meilleure vie et, pour lui, la peur de tout perdre en lui révélant son homosexualité. Quand leurs sentiments sont trop durs à exprimer, ils utilisent les contes de leur culture pour communiquer et se comprendre. Une histoire sensible et délicate, accompagnée de dessins qui le sont tout autant. Dès 12 ans. (A.S.)