La tranquille révolution bisexuelle

Une vaste étude met en relief une forte progression des comportements bisexuels au sein de la population américaine, au cours des 25 dernières années.

Cela semble une évidence: l’acceptation et l’expérience de la diversité sexuelle ont connu une progression spectaculaire aux Etats-Unis au cours du dernier quart de siècle. Un groupe de chercheurs en psychologie de trois université ont tenté de quantifier cette évolution, dans une étude parue dans la revue «Archives of Sexual Behavior». Basée sur 33’000 interviews effectuées depuis 1973, elle relève un bond dans le nombre d’Américains reconnaissant avoir eu des rapports homosexuels. En 1990, 3,6% des femmes et 4,5% des hommes disaient avoir eu au moins un partenaire de même sexe. En 2014, ils étaient 8,7 et 8,2% respectivement.

De plus en plus d’Américains ouvertement gays et lesbiennes? Pas tout à fait. Tandis que la proportion d’homosexuels est restée relativement stable, selon les chercheurs, celui des personnes indiquant avoir des rapports avec des hommes et avec des femmes est passé de 3,1 à 7,7% entre 1990 et 2014. Chez les femmes, l’écart est encore plus net: de 2,9 à 8,6%. L’orientation bisexuelle est la plus assumée au sein de la «génération X», âgée aujourd’hui de 30 à 50 ans: plus de 9,5% de cette population. Une tendance moins marquée chez les 20-30 ans (7,9%).

Mentalités
Dans les premières données récoltées, en 1973, seuls 11% des Américains estimaient que le comportement homosexuel n’était «absolument pas mauvais». Dix-sept ans plus tard, ce taux avait à peine bougé (13%). Mais en 2014, 49% des sondés s’étaient ralliés à cette opinion. L’évolution est la plus marquée dans les Etats du Midwest et le Sud, traditionnellement plus conservateurs. Pour les chercheurs, ces résultats illustrent l’abandon progressif des règles sociales dictant avec qui avoir des rapports sexuels et quand pour «en arriver à ce point de vue individualiste: fais ce qui te semble juste».