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Years & Years: «Il m’a fallu du temps pour devenir qui je suis»

Years & Years: «Il m’a fallu du temps pour devenir qui je suis»
@Universal Music

Avec Night Call, Years & Years lance un appel au dancefloor et propose une virée nocturne hédoniste. Rencontre avec une icône queer décomplexée qui n’a pas toujours assumé sa différence.

2021 a été une année mémorable pour Olly Alexander. Le flamboyant chanteur de Years & Years s’est lancé en solo (tout en conservant le nom de son groupe), s’est illustré  dans la bouleversante mini-série sur les années sida It’s a Sin et s’est  transformé en Kylie Minogue dans le clip queerissime de A Second to Midnight, son deuxième duo avec la chanteuse australienne. Il se métamorphose maintenant en sirène sur la pochette à la Pierre et Gilles de son nouveau disque, Night Call. C’est un irrésistible appel au dancefloor sur des ambiances electro-pop euphorisantes et des grooves sexy, traversés de fulgurances eighties, mais aussi une virée nocturne hédoniste dans les plans cul, l’addiction à l’autre (Crave), l’envie de gros biscoteaux (Muscle), le besoin de tendresse (Intimacy). «J’ai totalement été inspiré par mes fantasmes pendant le confinement», nous confie le Britannique dans un grand éclat de rire, par écrans interposés. «Je vis seul et quand le lockdown a été imposé au Royaume-Uni, je me suis retrouvé isolé dans mon appart de l’Est de Londres et ça a été dur. J’ai écrit sur ce qui me manquait, l’envie de sortir et de contact. Et beaucoup ruminé sur mes ex.»

La découverte des clubs à Londres

Son rôle dans It’s a Sin, dernier chef-d’œuvre du scénariste gallois Russell T. Davies, auteur de la série culte Queer as Folk en 1999, a aussi inspiré cet acteur prometteur. On y suit sur dix ans la vie d’un groupe de jeunes gays s’installant à Londres en 1981 en pleine émergence du sida. «J’ai écouté beaucoup de musique eighties pendant le tournage pour me plonger dans cette époque», dit-il, avant de revenir sur ce que lui a appris cette expérience. «J’ai réalisé que Section 28 – une loi instaurée au Royaume-Uni  en 1988 pour interdire la promotion de l’homosexualité à l’école et abolie en 2003 – avait eu un impact sur mon éducation. J’ai compris pourquoi les gens queer n’existaient tout simplement pas dans mon école. Je ne dis pas que c’est juste pour ça que j’avais honte d’être gay. Mais ado, je ne voulais pas être gay et il m’a fallu du temps pour devenir qui je suis aujourd’hui.» Lorsqu’il débarque à Londres après des études d’art dans les Midlands, l’ambitieux touche-à-tout mène de front une carrière d’acteur et de chanteur avec son groupe, formé en 2010. Il vit aussi son émancipation sexuelle et écume les clubs. «Je faisais tout le temps la fête et ne prenais pas soin de moi», se souvient-il. «Et puis un jour, sobre, je suis tombé et j’ai eu une commotion cérébrale. Cela m’a effrayé et je me suis juré de ne plus boire ni toucher à rien jusqu’à mon rétablissement complet. Cela a pris des mois et à la fin, j’étais passé à autre chose.» Signé par Polydor, Years & Years perce en 2015 avec le tube King et la pop synthétique jouissive de l’album Communion. Jeune icône gay décomplexée, le chanteur ne surfe alors pas encore sur la vague queer pop qui envahit les charts aujourd’hui. «Au début, mon label avait parfois peur qu’un clip soit trop gay pour être diffusé dans certains pays ou que je n’attire pas un public familial à mes concerts. Mais ces deux ou trois dernières années, je sens que les labels et les médias ont trop peur d’avoir l’air homophobes! Avec Lil Nas X, Sam Smith, Troye Sivan ou Kim Petras, tous ces artistes queer qui rencontrent un succès indéniable, l’homophobie ne passe plus.» Pas étonnant que la vieille garde fasse les yeux doux au jeune trentenaire. «J’ai grandi avec la musique de Kylie, d’Elton John et des Pet Shop Boys. Je n’arrive pas à croire que je collabore avec eux aujourd’hui. Et puis, ta journée ne peut pas être mauvaise si Kylie t’envoie un texto!»

Night Call (Universal Music). Sortie le 21 janvier.