Festivals queer de la rentrée
En septembre, deux jeunes festivals embrassent les cultures queer. Spielact essaime ses installations dans l’espace public de Genève et le Lila.Queer Festival performe à la Rote Fabrik de Zurich. Point commun: jouer, jouer, jouer, au-delà de la binarité!
Lila.: musique, drags et runways
Trois jours d’amour, de flamboyance et de queer power: voilà ce que propose Lila., festival nommé d’après une grande chanson de cabaret berlinoise de 1921, salve contre toutes les moralités. Depuis 2017, dragshows, spectacles, concerts et ateliers font le suc violacé de ce rendez-vous qui s’amuse entre programmation pointue, burlesque et conscientisée. En égrainant le programme de cette année, on on lit par exemple que la rappeuse Finna est une femme de pouvoir pour qui «l’amour, la colère, la morve et les paillettes rencontrent des déclarations claires et une prise de pouvoir queerfeministe». Message reçu.
Quasi H24, pièces et performances sont suivies de DJ sets pour faire penser et se dépenser sur des thématiques intimes et sociétales fortes: la pièce de Fabio Liberti, par exemple, questionne les addictions et les co-dépendances relationnelles. Ladies & Gentlemen est une critique du système binaire et le travail chorégraphique de Yeheniya Kravets traite, entre ironie et frontalité, de micro-agressions et de discrimination ordinaire à l’intersection du racisme et de l’homophobie.
À côté des drags shows de Mona Gamie ou de LaMer, qui miaule en monologues satiriques, deux moments collectifs sont particulièrement attendus. Inspiré par Parliament Funkadelic, Prince et Liberace, Sado Opera est un projet scénique originaire de Saint-Pétersbourg. Aujourd’hui basé à Berlin, ce collectif de pédés résident du club Wilde Renate est devenu l’une des importations musicales les plus provocantes et excentriques de la ville. Et puis, Lila. c’est aussi la célébration localisée du voguing: pour s’écharper en attitude sur le runway du mini-bal de cette année – devant un jury national et international – vous pouvez vous inscrire en ligne via un formulaire sur le site du festival.
Toute la programmation sur lila.milchjugend.ch
Spielact: l’art et le jeu pour un futur plus inclusif
Depuis trois éditions, un petit festival fait de plus en plus parler de lui du côté des arts visuels à Genève. Par le jeu revendiqué, par la mise en lien d’artiste·x·s avec d’autres intervenant·e·x·s, scientifique·x·s, militante·x·s ou chercheur.se.x.s, Spielact propose des créations autour d’enjeux brûlants auxquels la manifestation entend bien nous faire cogiter: un futur plus inclusif, un futur valorisant les relations avec le vivant, humain ou non-humain, et un futur numérique plus éthique.
Cette année, six installations interactives en extérieur seront disséminées entre l’île Rousseau et la pointe de la Jonction. L’une d’elle, Invasion intertranstellaire, est un bar faisant office de pièce en soi autour de la non-binarité. Au Théâtre du Grütli, un programme est pensé autour du même thème. Il comprend le jeu narratif «Rencontre d’un autre genre» et la table ronde «Iels sont nombreuxes, fluides et non binaires».
Jouer, penser, donc… mais aussi agir: l’autre spécificité de Spielact est d’organiser des ateliers collectifs et des hackathons destinés à développer des outils ludiques à portée sociétale concrète. Le projet Queercube entamé l’an passé est parlant: une équipe composée de spécialiste·x·s de la santé, de personnes LGBTIQ+ et d’artiste·x·s s’est réunie pendant trois jours afin de concevoir un jeu sur le thème des déterminants biopsychosociaux de la santé mentale et sur les ressources existantes. Cette collaboration soutenue par la Ville de Genève et l’association Dialogai a pour objectif d’améliorer ce médium ludique afin qu’il puisse être mis à disposition d’institutions publiques telles que l’hôpital. Les nouvelles versions du jeu seront testées en public pendant le festival.
Plus d’information sur spielact.ch