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Robyn, sans contrefaçon

Elle a le don de se faire attendre, lâchant les morceaux au compte-goutte au gré d’une tension croissante et excitante parmi ses fans. En attendant Robyn, dansons tout l’été sur ses meilleures chansons.

«I keep dancing on my own…», le refrain du hit mélancolique de Robyn sorti en 2010 hante tous les esprits. Un classique synthpop immortalisé quelques années plus tard dans une des scènes les plus poignantes de la première saison de Girls. L’air de rien, les classiques, Robyn les aligne durablement. Tout comme elle ressemble encore à une teenager à 38 ans, sa musique ne vieillit pas. De «Every Heartbeat» à «Call Your Girlfriend» en passant par «Hang With Me» et ses collaborations régulières avec le duo norvégien Röyksopp, ses hymnes electro s’imposent dans les playlists de ces instants suspendus dans le temps que l’on souhaite ne jamais oublier.

Énigmatique, la chanteuse suédoise androgyne l’est d’autant plus qu’elle n’a pas choisi de l’être à des fins marketing. Artiste hors norme, Robyn a réussi l’exploit de rester en marge du système sans concession, ni contrefaçon. Alors qu’on peine toujours à définir la recette des ingrédients qui font les bien-nommées gay icons, elle n’a jamais souligné la force de son lien avec la communauté LGBT. Par pudeur certainement, par respect assurément. Fait assez rare dans la pop pour être relevé, Robyn fait son chemin sans jamais s’écarter de sa vraie passion: la musique. Abonnée absente des pages people de la presse à scandale, elle esquive adroitement l’objectif des paparazzi en gardant jalousement sa vie privée pour elle.

Dancefloor intime
Prénom masculin et coupe courte, elle est confrontée dès l’enfance aux questions de genre et s’habitue très tôt à annoncer la couleur: «Salut, je m’appelle Robyn et je suis une fille», explique-t-elle dans une interview accordée au magazine «OUT» il y a quelques années. Plongeant dans son passée, elle se souvient d’une lettre que sa mère a écrite à une de ses profs: «S’il vous plait, arrêtez de prétendre que Robyn est un garçon, car elle est une fille».

Plus tard, quand Madonna se penche sur elle, émoustillée elle aussi par les rythmes ensorcelants de ses chansons, ce n’est pas pour lui rouler une pelle en public, mais pour lui proposer de faire la première partie de sa tournée Sticky & Sweet en 2008. La musique, sinon rien. Sans sourciller, elle avance, déterminée sous sa mèche peroxydée et le regard perçant, en explorant les champs électroniques de ses compositions hypnotiques. Surtout, elle prend le temps de construire une œuvre intimiste parfaitement calibrée pour le dance-floor et ses drames extatiques.

Silencieuse depuis «Do It Again», son dernier mini-album avec Röyksopp, ses fans trépignent de connaître la suite de son dernier album studio, «Body Talk Pt. 1, 2, 3» sorti en 2010. Le manque est monté d’un cran en mars cette année, après la diffusion du nouveau morceau Honey diffusé dans le 6e épisode de la dernière saison de «Girls», titre 100 % Robynesque annonçant la sortie du nouvel album, prévu à l’automne selon certaines rumeurs. En attendant, on ne se lasse pas d’écouter sa musique. Comme la promesse d’un éternel Summer of Love.